——-Prends bien soin de ta vie (tu n’en as qu’une, je crois)———


Lorsqu’à l’été 2017, sur les rives du fleuve Saint-Laurent, je convoquais Arnaud et Jean-François pour une jam au SyGyZiC studio, je ne savais pas à quoi ressemblerait l’éventuel résultat de nos jeux… et encore moins que mes doigts (tout comme ma tête !) tapoteraient, 8 ans plus tard, sur le morceau qui en est sorti et écrire sur ce clavier pour dire qu’enfin, « C’est ainsi », Amen, je peux, oui, mourir heureux !

En un sens du moins… artistiquement s’entend… Car oui, le SiMPLe « Lou Poïssèl » sorti de cette très créative période qui signifiait pour moi retour au clavier, d’une humeur toute innovante, « jazroxitane », toute inspirée, enflammée, par ce poème d’un aïeul dont venait de me parler ma grand-mère de là-bas, ma Mère NaTuRe du Causse Villeneuvois, comprenait un second morceau (je ne dirai rien ici de détaillé sur le 3e, allez-y donc l’escoupter toute su’l cop) développé du simple premier riff de « Le Moment Venu » joué au TamTam café en mai 17, à la pleine Lune… (que j’ajoute aussitôt à la suite d’ailleurs !) Un bourdon, une note seule, qui comme toutes eaux, colportant leurs glaces au gré de marées ou bouillant sous les canicules, sert, depuis toujours, de base à tous les développements existentiels –a priori impossibles…

(le possible étant ce qui reste, et restera, face à la froide calculeuse raison, celle des prévisions, des plans et des politiques… La poésie n’a rien de ce genre de communions, elle implique l’abandon, le rejet des avoirs et des dominations. Elle n’est que simplicité d’instinct. Douce musique ravageuse aux coeurs brûlant des astres intérieurs, elle a du garage et du liant, elle attaque et cajole en même temps, elle brutalise les restes de qui voudrait encore mourir pour lui dire de se lever et de rebondir, frais, rébiscoulé, dans la journée radieuse des chants d’oiseaux qui n’ont que faire des hommes qui les entourent, à moins que, précisément, ce ne soit l’inverse… tout l’inverse même, et que seuls ceux des hommes ayant la tête suspendue au ciel aient réellement quelque chose à amener aux autres, affairés à passer, écraser, miner, forer, ruiner le paysage que leurs ornières mentales leurs offre à soumettre à leurs plus bas exils désirants… NON. IL N’Y A RIEN de cela EN POESIE ! Ni en sa forme a-verbale, toute impossible, donc, qu’on nomme musique)


Car, iCi, de musique il est question. De musique strictement instrumentale. De celle répondant de paradigmes et de principes au-delà, assurément bien de là-bas, l’autre ici. Musique directement audible à quiconque le veut bien… De celles dont on m’aurait donné l’écoute, que j’en aurai réellement repayé à l’époque des achats matériels pour la garder au creux de l’oreille, jusqu’à ce que ses codes et ses clefs en fussent entendues, lues, comptés et compris, voire actés et agis par la danse ou la pensée, par ce corps que j’habite et que meut ce cerveau… tout friand de sensation esthétiques.

J’aime ce morceau de GROS GRUNGE JAZZ, au point que je ne crois rien avoir entendu de tel, ou en tout cas qui ressemble autant à une synthèse des plus valeureuse et louable que j’eusse osé entendre ENTRE JAZZ et GRUNGE… Je ne donnerai pas de noms, vous aurez les vôtres à cette heure de streaming global… Chose à laquelle je ne consens ceci dit toujours pas, notamment du fait de son machinisme infernal… et de son automatisation des goûts, de son lissage des ambiances et des oeuvres, lesquelles doivent, ce fut évoqué plus haut, conserver toute leur profondeur, leur corrosivité, leur mélange d’affront et de baume… Ce que le nombre, le trop, éteint en donnant à nos devenir de quoi être bien plus remplis que profonds… et à jamais insatisfaits qui plus est… Le rien, le silence, la musique au bout d’elle-même, la poésie au quotidien, voilà tout, et voilà rien, ou le tout de la dualité, et en un seul instant… répété ou non, et c’est là encore le jeu de l’eau coulant, remontant sa marée ou déferlant ses flots devant ma porte, c’est elle, cette force vive, autant que de mort, la noyade n’étant jamais loin, c’est elle qui s’imposa pour me donner l’idée maîtresse de ce morceau… lequel, en deux parties (l’une de glace et banquises dérivantes au calme plat, l’autre de tsunami, de vagues agitées et hérissées de tous les vents) traite du rappel au sérieux : LA VIE EST UNE, UNIQUE, et donc à SOIGNER, ENCORE ET TOUJOURS.


Hier, après quelques envies j’ajoutais l’enregistrement de la dite JAM au EP. Ce 4e morceau, intitulé « Qu’une, je crois » comprend l’une des pièces les plus abouties de ma création, laquelle est bel et bien collective iCi, fruit d’un trio démultiplié en deux prises LIVE. J’ai toujours adoré le groupe, la magie, « l’alchimie » avait dit Arnaud à une journaliste en 1996 suite à un concert du SEEK EXTENSE… (Et d’alchimie, il en tient une bonne l’ami batteur guitariste sur cet enregistrement !!!) Mes (nos) guides sont les Doors et quelques autres… tous des groupes. Même si les têtes chercheuses sont aussi mon (nos) dada, celle de Brian, mort hier également, dont PET SOUNDS et SMiLE restent choses labyrinthesques figurant parmi mes plus consciencieuses addictions musicales…
Mais non, ici c’est de fraicheur musicale qu’il s’agit puisque ceci n’est qu’une JAM. OK ? Pas une JAM, LA jam ! Faite à la maison sans préscience sinon qu’intuitive et interprétation improvisée, l’iMproVie… Analphabètes que nous réclamons d’être, transparents à tout obstacle rejoué dans nos efforts de mise en demeure, de mise en chantier, de reprise du métier sous les ravages de l’inspiration déboulonnante, de ce qui ne tient qu’à un fil, mise en danger et pourtant gracieuse réponse, solution harmonieuse, envie d’élection au coeur des angeries du monde, envie de réel sous la Lune et les Soleils, endroit de l’envers dont personne ne revient d’ordinaire… Nous l’avons fait, avons doublé le CAP BLANC, et avons retrouvé le NOIR, au loin, là-bas, Océan Indien, puisque TOUTES EAUX SONT UNE SEULE, et voilà que les ravages des lames contre la coque auront donné de l’ardeur aux amis de Billy Budd comme aux faux héros des calendriers en carton remisés sur nos ruelles l’été, buvant et trinquant au souvenir des dangers affrontés par le passé… Marins d’eau salé, poivrée, saignante, mais toute nimbée de lumière jusqu’à travers les nuées les plus épaisses et troubles d’un temps cherchant encore et toujours son sens, sa direction comme sa symbolique… L’être au présent, inscrit dans d’anciens sillons qu’il détisse pour réarranger au futur de son agir immédiat… Tel ce soc de charrue familial que j’avais retenu pour illustrer ce 3titres et qui semble tiré des visions transperçantes d’un Melville (l’auteur de Moby Dick et de tant d’autres récits du grand large des inconscients…) se plaçant à l’affront d’un mur d’eau… et de son pour y inscrire son oeuvre.

Voilà que vous avez enfin touché terre, TERRE, LAND, Oh ! Nous y sommes… Et l’on pensera, cette fois, revenu du grand large, à la joie de suivre un humble sentier herbeux, animal, tel celui de l’Ecchoing Green, autre moment dans l’iCide BenLaBa…

Mais c ‘est iCi que BenLaBa commence pour aujourd’hui… (alors que passe l’aîné des Wilson et toute une partie de la génération 1967, année dont les inventives directions habitent toute musique actuelle, celle d’où provient en l’occurrence le Riff Final de cette unique jam, clair écho des 13th Floor Elevators de Rocky, Stacy, Thommy, Dan & Danny…) dans le mélange des genres et la nouveauté collectivisée sur le SPOT d’une musique aussi simple qu’évidente de miraculeuses trouvailles (je veux dire d’instantanées accordances entre les instrumentistes devenus musiques). Peut-être, qui sait la limite des choses ?, 100 000 par secondes…


JE VOUS LAISSE LES DEVINER de vous-même iCi :

https://benlaba.bandcamp.com/album/lou-po-ss-l