Comment s’en va-t-il le vent du temps des passes inamicales d’en face, Ami.e.s de l’Interzone ? Depuis un petit cycle les oiseaux rechantent et les sorties de recettes secrètes se font plus insistantes d’évidence et d’humides pressions malgré les coronavauriens du virus social masqué ou les Ur-Crâneries de nos simplets élus en guerre contre nous tous ou encore les appels aux fêtes modernes retraditionnantes. Rien de novo sub sole ?

A moins que, peut-être, une fois encore, ce soit à la musique et aux arts que revienne le rôle de créer l’événement, qu’on le place, ou non, ensuite dans une enfilade/colonnade de métiers maestriés de nouvelles jetables et quantifiables mais du moins tenues à jour, sur l’instant T, celui déjà bien trop fugit au loin d’éternels là-bas magnétiques ? Alors, quoi ? Quoi donc ? Un peu de musique nouvelle ? Peut-être que oui, peut-être que non, peut-être que peut-être…

Car voici l’objet, florilège spatio-temporel en question :

https://benlaba.bandcamp.com/album/lo-consou-d-l-po-ss-l

Et voici que depuis l’iCi de BenLaBa, cette rébisclado semble en être toute une, liée au temps de la remise en forme, de la réincarnation, du réssuscitement… le rébisclar occitan. Et oui, certes, le duo RéBisCla s’offrit un temps à un de ces anciens qui offrirent leur temps à leurs descendants inconnus, à commencer par leurs pairs immédiats, vos homologues spatio-temporels donc chers lecteurs, auxquels celui dont il est question ici livra, il y a un bon siècle, son poème à chanter : Lou Poïssèl. Un hommage à la vigne et ses hommes, qu’on entonne sur un air connu (comme le fait Fernand Blanc avec « La Pimpolaise » dans l’Introduction de l’album) ou non, comme déjà tenté dans la mise à jour du centenaire, en 2017, expliquée iCi-même (4e nouvelle vers le bas) : 

https://benlaba.land/2015/12/08/entry-1/

et encore Là-Bas :

https://benlaba.bandcamp.com/album/lou-po-ss-l

Car voilà, « pffff, Lou Poïssèl, pffff… comme le dit Claude dans l’Introduction, c’est comme le Sé Canto, qué Récanto », c’est toute une histoire, une épopée lyrique taillée dans une lengua perdue à demie, une saga bucolique pour vignerons célébrants, une page illimitée de texte ramifiant l’espace et le temps en quelques vers à manduquer et déclamer entre ami.e.s et autres estrangéliques autour de quelques verres d’une sans-sulfite pour immortels que plus personne ou presque ne sait faire et encore moins apprécier ! Le Poïssèl, ce piquet, cet échalas, comme l’indique la brochure ci-dessous, c’est une métaphore, LA métaphore du point d’appuis, du centre, du lieu essentiel duquel le reste du monde tire son aplomb… Sur la boule sphérique, la 4e en partant de ce soleil-là, un piquet adroitement placé, et voilà le monde métamorphosé. La vie naturelle humanisée dans un geste non pas d’appropriation et de violence incisive, mais dans une humble et gaie mise au service des forces et capacités de l’espèce au nom de l’immense Création dont elle participe. Une célébration de la raison de vivre en harmonie sur le ventre de la mère et au contact des autres formes de vie qu’elle engendra. No-SulFites, No-Traîtrement, « rien sur mon corps d’artificiel » chante le Père Savignac à l’ombre de la treille dans « Gau pèr Gaïa » (cant X). Le Poïssèl comme métaphore de la société se tenant droite, reliée tant à ses miasmes fructifères terrestres qu’à ses ethers les plus solaires et aérés appartenant à l’invisible céleste.

Nous y sommes donc, c’est de religion qu’il s’agit encore et toujours avec la musique du fait de l’opération significante qui se met en branle depuis elle devenue musicosmogonie permettant de donner du sens au bruit devenu son, ce moment 0 de la vie humaine se pensant consciente, ce moment d’après l’ivresse animale d’un vivant se sachant en permanence là, présent, sans autre savoir que sa limite existentielle. La vie est musique, harmonie, rythme, chant, danse, souffle, coeur, et elle dépasse toute limite comme nos âmes vigneronnes se hissent encore jusqu’aux aux anges via des vins naturels et parfois dérangeants, affolants, perturbateurs que les reins solides et les esprits têtus savent devoir s’adopter et s’inculquer par passion, par mission et par grâce du contentement de l’être en-vie, en impro-vie.

Face à toutes nos erreurs, l’art du bien faire, dire, vivre demeure le seul objectif. La hauteur des modèles choisis nous le rappelle sans cesse : chacun son verre, chacun sa boisson, tu marches au son de ton tambour, moi du mien, souhaitons-nous bien du coeur à l’ouvrage, de la joie, la Gau occitane, celle qui atteste du supplément d’âme au coeur des hommes en voie d’écrasement mathématique et statistique, celle qui fera toujours, même chez nous successeurs augmentés, la trame indicative du vécu, du survécu ! Jamais des vaincus de ce monde trop tristement acquis aux hommes de peu de foi (oui, même l’ordinateur sait de quoi je parle).

Pour plus d’informations, retrouvez l’aile libre des vents ascendants pour fondre en piquet vers le roc ou la branche de laquelle vous contemplerez pleinement votre condition bipède…