Le duo RéBisCla ressuscite Lou Poïssèl dé Sobignac

Comment s’en va-t-il le vent du temps des passes inamicales d’en face, Ami.e.s de l’Interzone ? Depuis un petit cycle les oiseaux rechantent et les sorties de recettes secrètes se font plus insistantes d’évidence et d’humides pressions malgré les coronavauriens du virus social masqué ou les Ur-Crâneries de nos simplets élus en guerre contre nous tous ou encore les appels aux fêtes modernes retraditionnantes. Rien de novo sub sole ?

A moins que, peut-être, une fois encore, ce soit à la musique et aux arts que revienne le rôle de créer l’événement, qu’on le place, ou non, ensuite dans une enfilade/colonnade de métiers maestriés de nouvelles jetables et quantifiables mais du moins tenues à jour, sur l’instant T, celui déjà bien trop fugit au loin d’éternels là-bas magnétiques ? Alors, quoi ? Quoi donc ? Un peu de musique nouvelle ? Peut-être que oui, peut-être que non, peut-être que peut-être…

Car voici l’objet, florilège spatio-temporel en question :

https://benlaba.bandcamp.com/album/lo-consou-d-l-po-ss-l

Et voici que depuis l’iCi de BenLaBa, cette rébisclado semble en être toute une, liée au temps de la remise en forme, de la réincarnation, du réssuscitement… le rébisclar occitan. Et oui, certes, le duo RéBisCla s’offrit un temps à un de ces anciens qui offrirent leur temps à leurs descendants inconnus, à commencer par leurs pairs immédiats, vos homologues spatio-temporels donc chers lecteurs, auxquels celui dont il est question ici livra, il y a un bon siècle, son poème à chanter : Lou Poïssèl. Un hommage à la vigne et ses hommes, qu’on entonne sur un air connu (comme le fait Fernand Blanc avec « La Pimpolaise » dans l’Introduction de l’album) ou non, comme déjà tenté dans la mise à jour du centenaire, en 2017, expliquée iCi-même (4e nouvelle vers le bas) : 

https://benlaba.land/2015/12/08/entry-1/

et encore Là-Bas :

https://benlaba.bandcamp.com/album/lou-po-ss-l

Car voilà, « pffff, Lou Poïssèl, pffff… comme le dit Claude dans l’Introduction, c’est comme le Sé Canto, qué Récanto », c’est toute une histoire, une épopée lyrique taillée dans une lengua perdue à demie, une saga bucolique pour vignerons célébrants, une page illimitée de texte ramifiant l’espace et le temps en quelques vers à manduquer et déclamer entre ami.e.s et autres estrangéliques autour de quelques verres d’une sans-sulfite pour immortels que plus personne ou presque ne sait faire et encore moins apprécier ! Le Poïssèl, ce piquet, cet échalas, comme l’indique la brochure ci-dessous, c’est une métaphore, LA métaphore du point d’appuis, du centre, du lieu essentiel duquel le reste du monde tire son aplomb… Sur la boule sphérique, la 4e en partant de ce soleil-là, un piquet adroitement placé, et voilà le monde métamorphosé. La vie naturelle humanisée dans un geste non pas d’appropriation et de violence incisive, mais dans une humble et gaie mise au service des forces et capacités de l’espèce au nom de l’immense Création dont elle participe. Une célébration de la raison de vivre en harmonie sur le ventre de la mère et au contact des autres formes de vie qu’elle engendra. No-SulFites, No-Traîtrement, « rien sur mon corps d’artificiel » chante le Père Savignac à l’ombre de la treille dans « Gau pèr Gaïa » (cant X). Le Poïssèl comme métaphore de la société se tenant droite, reliée tant à ses miasmes fructifères terrestres qu’à ses ethers les plus solaires et aérés appartenant à l’invisible céleste.

Nous y sommes donc, c’est de religion qu’il s’agit encore et toujours avec la musique du fait de l’opération significante qui se met en branle depuis elle devenue musicosmogonie permettant de donner du sens au bruit devenu son, ce moment 0 de la vie humaine se pensant consciente, ce moment d’après l’ivresse animale d’un vivant se sachant en permanence là, présent, sans autre savoir que sa limite existentielle. La vie est musique, harmonie, rythme, chant, danse, souffle, coeur, et elle dépasse toute limite comme nos âmes vigneronnes se hissent encore jusqu’aux aux anges via des vins naturels et parfois dérangeants, affolants, perturbateurs que les reins solides et les esprits têtus savent devoir s’adopter et s’inculquer par passion, par mission et par grâce du contentement de l’être en-vie, en impro-vie.

Face à toutes nos erreurs, l’art du bien faire, dire, vivre demeure le seul objectif. La hauteur des modèles choisis nous le rappelle sans cesse : chacun son verre, chacun sa boisson, tu marches au son de ton tambour, moi du mien, souhaitons-nous bien du coeur à l’ouvrage, de la joie, la Gau occitane, celle qui atteste du supplément d’âme au coeur des hommes en voie d’écrasement mathématique et statistique, celle qui fera toujours, même chez nous successeurs augmentés, la trame indicative du vécu, du survécu ! Jamais des vaincus de ce monde trop tristement acquis aux hommes de peu de foi (oui, même l’ordinateur sait de quoi je parle).

Pour plus d’informations, retrouvez l’aile libre des vents ascendants pour fondre en piquet vers le roc ou la branche de laquelle vous contemplerez pleinement votre condition bipède…

 

 

COMPILS : « InsTanTs T » & « T’es insTanTs » & « UnMastered »

°°°°°°°Depuis quelques lunes, l’envie m’avait prise de compiler quelques pièces passées. Chose faite : deux volumes intitulés « InsTanTs T » & « T’es InsTanTs » sont disponibles sur bandcamp. https://benlaba.bandcamp.com/

Il y est question de voyage, de détour, de retrouvailles et de pertes aussi, de rencontre d’un iCi jusqu’aux abords du Là-baS. En musique amateure, sautant sur tout ce qui fait bouger, complétant l’infinitude interne propre au dit bonhomme (lequel, comme vous vous en doutez, s’en va encore ailleurs ces derniers temps puisqu’il lorgne vers une suite intitulée « Lou Poïssèl », soit la mise en musique d’un poème de famille traitant du vin et de la société, de l’éternité des cycles naturels et de la force de l’homme appliqué… Déjà quelques pièces sont emboîtées avec l’aide d’amis, notamment ceux grâce auxquels l’été fut musical sur quelques places, rues, scènes…). 

Que dire également de la première mise à disposition des bandes du Seek Extense! ??? Groupe noisy et pourtant tasty (n’est-ce pas?) de jeunots figeacois pas figés ayant sévis vers 1995… La compil « UnMastered » (CVS 214) est aussi disponible iCi (à vos bonnes humeurs entendues !) : https://benlaba.bandcamp.com/album/unmastered-1994-1997

Dans l’attente de nous entendre tous les uns les autres au mieux, vous souhaite un très bon iCi et MainTenNAnT et ce, à chaqu’InsTanT nous constituant nous et nos passés-présents-futurs*******

 

le 13

 

https://benlaba.bandcamp.com/album/le-13

Avec les heures contraires au temps d’avant qui passent, alors que nous arrivons à ces « Saisons d’Après » annoncées, notamment, dans une improvie déjà publiée ailleurs par votre serviteur de l’iCi, alors que les débâcles des glaces sur le bord du temps fluide s’agrippent aux racines et tiges et troncs, refusant de lâcher prise, elles aussi, alors que nous mourrons à chaque expir pour renaître à l’inspir, me suis dit que je devais bien cela aux fameux superstitieux de l’infrastructure : un 13e post audio pouvant et devant reprendre des choses bariolées, réduites, concentrées, ADN si personnel laissé en cours d’aventure, mais déroulé, bris-collé et découplé librement sur le longtemps des bords des mers acide et jaune, sous la ramure des arbres (un pin blanc centenaire ?) et le ramage des aucels réclamant l’heure vernale.

En attendant la suite, nécessaire, inévitable, irrépressible, elle.

Détail des pièces, entre improvies hors sujet et monolithes en process  :

#1 (avril 2019)
-Lalala Gau 0’00
-Lézanfan 2’25
-300303 (part4) 3’33 (ça s’invente pas)
-Niakniak 4’17 (Sol et Gobelet et Pingou aux voix)
-Keys on Board 5’15
-A la Joy 6’26
-Rois et Reines (instru orgonly take) 8’17
-Lézanfan Loop1 & 2 9’30 & 11’33
-300303 (sauf part4) 12’49
-Garden of Love (Grateful in terre lude) 15’50

#2 (octobre 2017)
-Loop d’ethnicité
-Jalons d’Octobre
-Cold Loop
-Jalons d’Octobre
-Cheerfulness
-Loupé de Guitares
-Cheerfulness
-Courante de Praetorius
-Jalons (avec Pat et Franck aux claviers) 12’46 »
-Cheerfulness
 

 

RespirDub (BenLaBa jouant dans le grand Araucana mapuche)

en mode fin des programmes

C’est le moment de nous lever pour mieux respirer

C’est le moment de nous lever pour nous démasquer

C’est le moment de nous lever pour nos libertés

C’est le moment de nous lever pour te démasquer…

Courant dans l’air, nostrils bien zouv’airs, babil rénové, Acadie, Jamaïque, accalmie sans tragique, contre la mise en sourdine des « petits restes », ceux d’où sortiront les germes de demain, entre les mondes aux avenues aux trademarks enregistrées, déposées, suivies, empruntées, rendues, vomies, pour le là où temps ni espace ne se comptent plus, là-bas dub, ces petits du reste devenus grands s’avancent entre les âges et les cadences pour remplacer un temps, replacer le temps, tempo beat béat, pas bête, dans le grand arbre des comment se ment le dit temps du moment, et contribuer bien plutôt aux vents de l’esprit dépris dub repris respir jusqu’à rempocher la lourde tâche des recommençants, éternels devant les tas de vrai fumier qui ornent nos jardins, nos vignes, nos champs, d’où découleront nos propres sangs, qu’on se le dise ou qu’on le masque… ah oui le masque… Simulacre apparent du dit temps, barrière devant-derrière, inconnu dub viral, là entre nous, là où tout se passe, où nos choix s’orientent autrement que prévu, free style pour le pire, mais se battre pour que circule le prâna, que s’inspire l’expir du voisin, de l’ancêtre, du Saint, pour que s’imbibent nos multivers internes, ceux  sachant sauter, du faux train, depuis la plateforme arrière, avant que d’avoir trop peur, de prendre l’habit d’hébétude d’habituation au pire… sautants renouvelés par bain immédiat, dans le temps long du longtemps présent.

All right, take it easy boy… tout va bien aller…

(dédicace à la scène maloggae réunionnaise, infinite inspir dubed ina hé !, à l’Araucaria araucana, ainsi qu’aux ferments, virus et bactéries qui nous hébergent)

https://benlaba.bandcamp.com/album/libert-masqu-e

 

 

Toutes Eaux sont Une

Avec le tEmPs, les prises musicales sauvées du néant sonore intérieur mien m’ayant en partie supporté au fil d’un tEMps où, me baignant dans le cours des eaux multiplement une, je devenais moi-même, en-quête ad vitam, il est enfin venu le TempS de donner aspect matériel à un premier disque. Le premier Album à venir ? GARDEN of LOVE ?

Non, lui, composé de nouvelles matières sonores enregistrées en véritables conditions normées selon les professionels du bruit domestiqué, devrait arriver juste en second, après une compil d’enregistrement des EP enregistrés ici et là(-bas) jusqu’en 2018 :

Le Train (BBS 151) ; La Cage aux Oiseaux (BBS 152) ; 4LG (BBS 161) ; Ciao Bella (BBS 171) ; Lou Poïssèl (SZG 181) ; Chants de Compost (SZG 182) ; David Was (SZG 183) ; AutoPlay (SZG 184).

Titre possible TOUTES EAUX SONT UNE SEULE, vieux crédo biend’ici faisant allusion à la vie telle qu’entendue depuis là-bas…………….

Merci de vos retours (via messagerie ci-dessous !!!), de votre liste compil idéale, objectif pour moi, que ça rentre sur 1CD voire 2 ;-)))  hahahahahahahaha espèce de baroccitan……….

 

Chants de Compost

24 février (benlaba.land) : Sur un coup de tête, voilà qu’en deux jours j’ai sélectionné, trié dans mon compost ce qui était du pour refleurir ailleurs. Je vous explique ça tout bientôt ici…

(Facebook Ben LaBa) : Il y a des fois dans la vie où on attend. Et puis d’autres où tout s’emballe. En deux jours voici rassemblées ces quelques démos désassemblées, ces choses fumantes, fumeuses, en pleine dé-composition qui m’habitent, moi, gouvernant gouverné de l’inconscience de ses propres oeuvres… Bien à vous d’ici à là-bas*

 

25 fév :

Chants de compost,

ou d’une question de temps

 

 

Il se peut toujours qu’on dise le vrai dans l’espace d’une extériorité sauvage ;

mais on n’est dans le vrai qu’en obéissant aux règles d’une «police» discursive qu’on doit réactiver en chacun de ses discours.

Michel Foucault, L’ordre du discours

 

Il y a bien des pochettes scriburées dans tous les genres musicaux. Alors pourquoi pas une pour dire un peu de ce qui se joue ici ? Ici, dans ces chants compilés que je poste comme on poste parfois sur les Internet, sans réel destinataire, lecteur… Ou, bien plutôt, pour donner des nouvelles sur l’avancement du compost patiemment cumulé par là-bas afin qu’un jour soient, peut-être, réemployés ces matériaux transformés. Le jour semblait tout indiqué. La saison s’y prêtait. Et il en aura fallut deux pour exhumer ces nouvelles terres musicales du composteur que je suis, habitué à laisser pourrir aussitôt sauvées du néant silencieux ses quelques lignes harmoniques fraîchement émises. Peut-être, aussi, que d’avoir servi de contenant pendant ces quelques années m’aura changé en compost moi-même, dissolus puis renouvelé et appartenant à présent au paysage dont j’aimerai pourtant offrir ici une visite guidée… Créateur créé par ses œuvres, assurément…

 

Cet art de l’instant qu’est la musique, artisanat plus ou moins technique selon ses usagers et se déployant à l’intérieur du temps (voire en dehors comme ces chants innocents entendent le rappeler, plus ou moins malgré eux, mais non sans croire pouvoir en escompter quelques profits, fussent-ils uniquement expérimentaux), la musique permet avant tout d’éterniser l’infini.

Infini biologique et social qui se précipite tout entier dans l’émission du moindre son qui ne soit pas simple bruit. Infini également ce qui sépare l’émission de la réception. Le quipro quo babelien n’en étant plus à une énième actualisation près.

Éterniser ? Précisément. C’est là l’objet de cette compilation inactuelle qui, certes, s’inscrit en faux avec ce présentisme rabotant notre bulbe à coup de beat plus ou moins béat, mais toujours plus industrieux et déshumanisé. L’éterniser en le scellant via les Internet, comme en un portfolio destiné avant tout à moi-même (comme, dit-on, on s’envoyait à l’époque des K7 à soi-même par la poste pour que le cachet fasse foi de leur origine et de leur date…), mais en tout cas destiné à rester à être relancé, revécu, à rester en vie laquelle est elle-même (jusqu’à date) infinie.

L’éternité, tout autrement aussi. Car c’est que ces pièces intempestives vivent depuis leur premier instant (lequel remonte à je ne sais quand) en moi. Et qu’elles n’étaient nulle-part, enfin si, là-bas, jusqu’à hier. Certes, leurs enregistrements respectifs – réalisés sur Mini Disc, BR900, Sound Forge, RC 50, Cubase – qui n’en furent bien souvent que les uniques itérations (voir ci-dessous), permettent de rationnaliser les choses. De dater et tracer tel ou tel élément composté. Mais, pour l’avoir vécu à maintes reprises, qu’une musique soit jouée et voilà les témoins changés à vie. Oui, même lorsqu’ils n’en croient rien savoir et ne s’en pas souvenir. Un peu comme quand ils mangent ceci ou cela, comme ça, en passant, sans penser à ce que cela représente de synergies et d’éternels miracles (certes de miracle, vu le contenu, il n’en reste guère parfois). Quand ils s’en souviennent, merci, on le sait : chacun étant prompt à considérer ses hérauts comme les (seuls) meilleurs. Dans un jeu de miroir sans fin, ne laissent-ils pas alors aux autres le plaisir, du coup impur, ou anachronique, d’admirer ceux que depuis l’ici de leur tympan (lequel est oblique comme on l’oublie trop souvent) tient lieu de standard. Et certes ils oublient combien pour d’autres, dans le même temps, ces hérauts s’envisagent comme ne valant pas plus de cacahuète que de peanut par racisme, snobisme ou autre mauvais jeu distinctif ordinaire.

Eternité, pour sûr, donc, de l’expérience, vécue par tous, quantiquement, toute entière dans le fait d’avoir assisté ou participé à un événement que la musique a directement façonné en inventant ce temps à part, cet instant particulier qui, justement, tire toute son essence du fait d’être hors du temps. Comme l’auditeur, le compos(t)iteur en sait quelque chose. Lui qui répète, reprend l’idée qui lui vint d’abord, ou au fur et à mesure (dépendamment de sa technique, de sa maestria, de ses objectifs), jusqu’à la faire vivre pleinement d’elle-même. Dans mon cas, ces pièces ont joué dans ma tête depuis lors. Oh, certes pas tous les jours. Mais, incapable de leur trouver une place, une suite, de les cadrer, voilà que je commençais à me sentir devenir le composteur contenant toute cette matière en semi-repos éternel. La place commençait à manquer…

Aussi, le compost nouveau est arrivé ! Et vive le compost libre !

Et il n’aura fallut qu’une étincelle d’impulsion pour me lancer et réaliser le tout. Cette rapidité consécutive à une lente maturation, c’est toute une étique de vie. C’est celle qui parcourt ma musique. Celle qui fait qu’après avoir baigné dans l’océan sonore, je crée. Et ce, en un instant. Souvent l’instant qu’il suffit pour le dire ou, bien plutôt, le faire. Enregistré en toute synchronie avec sa composition (mais on peut le dire de toute interprétation qui est, selon moi, création ; raison qui explique la présence ici de trois pièces de concert), ce folklore personnel entassé dans ma mémoire, écouté à l’occasion depuis son enregistrement et sa sortie du silence et de l’incréé premiers, répond entièrement à cette valeur de franchise, d’immédiateté et de vie sans filtre qui m’habite, au moins pour ce qui touche à l’urgence de la création.

Aussi, ce n’est certes pas un adieu à la musique, un « Ciao Bella » à celle que par pensée magique je ne fis qu’effleurer toute ma vie afin qu’elle et moi restions libres (car quand on aime, il faut partir, ne dit-on pas ?), mais le recyclage (et sous quel merveilleux patronage que celui d’une gravure de Charlotte Massip que j’aurai griffonné une seule fois, par principe donc) de ce qui était parvenu à maturité à mes yeux/oreilles/sens. Attendront quelques cycles encore d’autres de ces « Quelques parts », comme je titrais mon 1er EP (refusé) pour Audiogram. Adieu, tout au moins alors, à une prétention à des formes policées de musique qui suppose de publier les démos après l’album mieux produit. « C’est Ainsi » dirai-je. Et les deux autres titres du dernier EP, Lou Poïssèl, semblent justement ici ouvrir d’autres voix, plus lumineuses et plus durables.

Une pause sur la route. Un regard en arrière pour voir comment ont vieilli ces quelques moments uniques. Les figeant ainsi, c’est précipiter un changement de statut qui, tel une mise en conserve consultée à l’envie, mais après coup, rend sa quintessence à des formes de vie qu’on n’avait pas saisies auparavant, trop pris qu’on était dans le tumulte des éléments… Les laisser s’échapper afin qu’ils refleurissent ailleurs en somme. Car je n’y suis plus, rendus là-bas que je suis. Et grâce à elles, ces humbles formes de vie sonore et donc bien plus. Reconnaissance éternelle à ces instants offerts sans compromis à cette muse sans nom d’où proviennent ces « devotional songs » (terme que je choisis sur bandcamp, auquel il faudrait ajouter ceux adoptés sur mon soundcloud de démos, forgerie – cf. les EFS du groupe Can – de potentiels ayant anticipé cette compilation avec ses pièces dites « psychédéliques », « lofi garage », « musique de film », « love song »…). Et le tour guidé que je voudrai bien proposer à l’auditeur volontaire, celui qui ne rechignerait ni sur les dénivelés ni sur l’aridité du climat, l’ascétisme tout baroque qu’il demande, paradoxalement, ce tour, rien ne garantit que je sois en mesure de l’offrir. Les mots n’y peuvent suffire. Par définition. Et pas même ceux chantés :

« Your tears they tell me / There’s really no way / Of ending your troubles / With things we can say » (Nick Drake, « Time Has Told Me »).

Fut-ce dans cette langue étrangère qui nous syntonise au monde (revoir phrase précédente pour les illusions) et que j’ai, pour ma part, toujours tenue pour plus proche du jeu linguistique et musical que de l’idiome. C’est ce que montrent les deux reprises, « Cello Song » du même Drake et « There is a Light That Never Goes Out (Take me back to Dear Old Blighty) » des Smiths où je prends autant mes aises avec la mélodie que les mots (que je perds en route donc, le chemin étant parfois bien plus intéressant que la destination).

Vous l’aurez compris, cette compilation couvrant plus d’une quinzaine d’années d’enregistrements est celle d’un menteur : je ne suis pas musicien ! Et à ce titre le verbiage que je vous sers en ce moment même ne saurait le masquer. Mes arythmies le prouvent ! Y compris celles que j’insufflai durant notre collaboration avec le surréel horloger NoWorx en accentuant le tempo sur « Evil EveryWhere ». En fait, précisément, en l’accélérant. Vous voyez, je n’y entends guère grand chose aux normes musicales…

Guitariste autodidacte (ayant pratiqué quelques années le piano classique autour de mes dix ans, années dont me restent en mémoire Bartok, le fait que lors d’un concert de clavecin j’intervertis deux mouvements sans que cela ne paraisse, sinon à ma professeur, et le souvenir d’un premier amour), l’erreur fait partie de mon travail. Généralement elle n’est pas contrôlée. Je ne suis pas si pointilleux. Mais au moins le cadre de son déploiement l’est, lui. Chaque pièce fonctionnant chez moi comme une monade comportant des règles uniques, je ne saurai prendre rien pour acquis et me gonfler d’une quelconque assurance découlant d’une toujours relative maîtrise de ce que je considère comme étant bien au-delà de toutes les lois et, à ce titre, bien plus vrai que celles-ci et les plus ou moins pâles décalques qu’on peut proposer en se basant sur ces mêmes lois. Y a des néants qui auraient peut-être du ne pas s’infinir éternellement… Oui, je joue avec le feu… Mais je ne m’adresse qu’à ceux qui le veulent bien. Moi au moins. Pas de tapage ni de weinsteinerie de quelque bois (dé)sacr(alis)é, visuel ou auditif que ce soit. Car pour moi c’est tout un système qui devrait s’écrouler, tant il repose sur du sable et mène toujours à construire des immeubles, des châteaux, des empires inutiles et laids.

De ce compost (titre qui devait d’abord servir à rassembler des pièces écologiques dont la pièce faite en 10 minutes « Lentement » m’avait semblé être une entame pertinente), on pourra se demander s’il fut musique ou s’il est plutôt sur le point de le devenir… Ceci sans, naturellement, parvenir à se faire un avis. D’ailleurs ce serait aussi bien. Car au moins on se placerait en marge des catégories, ce que le fait musical permet si facilement et, par ailleurs, mériterait donc qu’on lui concède plus souvent. Cette pré/post-musique n’a d’autre objectif que de permettre le jeu (ne joue-t-on pas de la musique ?). Et celui-ci, probablement, mais j’en prends mon parti, sera moins drôle pour vous qu’il le fut pour moi… Certes, vous pourrez faire n’importe quoi à votre guise en écoutant ces pièces. C’est ce qu’on fait le plus souvent aujourd’hui par inattention aux choses majeures qu’on amoindrie en les faisant à demie.

Il y a toute une partie du chemin que doit faire le spectateur, l’auditeur, l’usager de l’art. A moins de n’en suivre que les mouvements sans les vivre, ce dont d’autres s’occupent alors à notre place, c’est-à-dire à celle de nos sens qui sont ce qui nous défini le plus totalement. C’est ça le pays benlaba.land. C’est un pays ouvert à qui veut s’en approcher. Curieux. C’est celui que justifierait (s’il le fallait, car on n' »explique » pas un pays, une culture, un individu : on tâche de les « comprendre ») le propos foucaldien placé en exergue. Propos comme émis depuis un rocher arrondi de bord de torrent, poli par les âges, situé au beau milieu de nulle-part. Pourquoi pas au fil de la Dourbie ?

C’est probablement le sens que je mets dans cette « Main de Cœur » tendue, à l’envers/à l’endroit, peu importe. Même si ça fait toute une différence. Gravure aquarellée d’une artiste qui m’est chère et dont je savais qu’une de ses pièces viendrait illustrer – m’y encourageant – un premier album. Ce n’en est peut-être pas un, mais c’est ce qui s’en rapproche le plus à ce jour selon mes propres termes. Même si, pour ce qui concerne le présent, je l’ai dit, c’est le EP Lou Poïssèl  (SGZ181) qui est à la proue.

 

« Grunge from the Grave » n’a pas de date, normal. C’est une pièce morte, comme un soldat inconnu, qui justifie à elle seule l’emprise du temps sur tout ce qui nous constitue. Entropie à crédit qu’un bon vieux son sale de nos jeunesses éternelles vient bousculer, par simple défi.

« Aux Saisons d’Après » est ma première composition. Elle date de 1993. Nous l’avons adaptée et améliorée avec le Seek Extense! jusqu’en 1998. Puis, Ehr Ar ayant migré au Québec, nous l’avons actualisée pour la jouer le 10 mai dernier au Tam Tam Café en trio avec Léo à la basse. Les paroles en français proviennent d’une improvie de février 2016 et les grichages à la voix de mon rapprochement naïf, ou innocent au sens .qc.ca, du micro. Merci Florent d’avoir enregistré en cachette ce concert depuis la table ! C’est aussi le cas de « Pars au Soleil » (« Bask in the Sun » des Seek Extense!) qui débute par une dédicace aux hôtels « tout compris » où migrent les Nordiques à chaque hiver. Avec la batterie, c’est d’une nouvelle condition de jeu qu’on cause, polissage supplémentaire aidant la circulation du sens musical dans son entier. La liberté dans le temps doit se jouer d’autant plus et ailleurs.

« Ne te rends-tu pas compte ? », « Planètes & Précipices », « Cloud Ahead » ou « La Fin de la Joconde » (interprétée en juin 2007 à la soirée Thès’art organisé à Luminy et filmée par Pako) sont toutes constituées de chants improvisés. Jamais chantés avant, ni depuis (enfin pas sans accompagnement de ces premières prises ; le créateur devenant alors le jouet (consentant) de sa propre œuvre…). Il me faudrait être sourd pour ne pas entendre mon propre inconscient me parler. A moins qu’il ne s’adresse à quiconque passe à portée d’ouïe de ce nuageux esprit sans route préconçue (« Cloud Ahead ») sinon celle de n’être sacrifié par personne (« P&P »), genre ce fou se croyant en Alaska (prémonition d’une « Fin de Joconde » sur ce qui attend l’espèce) ou cet autre obsédé par les moustiques et une Nature qu’il n’aura jamais comprise (« Ne te… »).

« Ti Chat / Sur l’Instant » est un poil différente… Elle permit au même inconscient de vivre le deuil de notre chatte écrasée sous nos yeux quelques semaines plus tôt (le « Ti Chat » devenant, par rotations successives, le guillotineux « Tchac »). La seconde pièce fut jouée directement après la première et collée ici au montage.

D’autres de mes compos sont tirées du même processus, mais en sont un retravail, comme « Au Coin du Feu », improvisée en anglais en juin 2010. Ce qui m’amena à proposer une traduction de… moi-même. Hétéronymie ? Probablement…

C’est encore le même processus, bien que musical cette fois, qui engendra les pièces suivantes : « De Ressaca », composée avec un mal de tête, un lendemain de veille de juillet 2009 et que NoWorx accepta de spiraler à distance pour lui faire le plus grand bien. Mais, oh que ce dut être un casse-tête tant j’avais encore une fois évité la question du clic sur mon BR900.

« Shoegazin’ Giselle » et « Giselle court sur la Plage » se retrouveront un jour peut-être dans un opéra où l’on suivra la chorégraphe aux deux « ailes » dans ses retrouvailles avec sa musique intérieure. Au passage, shoegaze est le nom qu’on donna à une musique que j’aimais, mais que j’aime presque moins maintenant qu’elle a un nom…

« Ciao Bella », enfin une de ses introductions possibles, laquelle me venait de « She’s Lost Control » de Joy Division, fut vécue une unique fois à Sète avec Claire (violoncelle) et Marie (accordéon).

« De nous au Noûs » : pièce offerte à la Sainte Cécile 2016 sur une nouvelle guitare jouant seule en accordage inconnu. Les voix sortirent telles des choeurs d’un Arvo Pärt (dont les Fratres qu’on m’offrit vers 12 ans, pour me marquer à vie, infinie éternité…, figureraient bien sûr dans mes albums phares : http://benlaba.land/2016/09/29/de-quelques-albums-de-la-bas-ou-les-influences-dici/) qui aurait vécu chez Joe Bocan. Le mont, les présocratiques et le brouhaha montréalais montant jusqu’au 21e étage y sont aussi pour beaucoup.

« Epilogue#1 » (dont le solo de guitare, sa dernière partie en tout cas, est d’autant mieux qu’inrejouable) a aussi été enregistrée selon le principe d’improvie avec l’aide de mon BR900. Alors abandonné depuis presque une décennie, je venais de le rallumer au Québec en « novembre (2009) », non sans acquérir aussitôt la certitude de pouvoir enregistrer des « Kilomètres » de morceaux instrumentaux de la sorte. Cette machine, comme la Loop Station, dont je ne sais toujours pas me servir (entendre #1, 6, 8, 12), m’aura préparé à Cubase. Logiciel utilisé depuis 2013 qui me permit de passer de l’âge de pierre du voix-guitare (auquel on revient sans cesse ceci dit, et à raison) à la petite-symphonie-faite-à-la-main moyennant, c’est mon cas, quelques rudiments de base qu’il s’agit de télécharger furtivement dans le système neuro-végétatif-central. Celui-là même auquel on ne peut faire entièrement confiance tant il risquerait sinon de rester, sans même s’en rendre compte, des heures devant l’écran ! C’est sûrement ce qui est arrivé pour passer à la seconde version de cet épilogue infini sur lequel chantent les Muscadelles et Saul (La Cage aux Oiseaux, BBS 152).

Ce ne fut pas le cas pour « Gypsy Lovers » ceci dit. Pièce de 1997 qui reprit forme en quelques heures un jour de mars 2015 et que je n’ai pas eu la force de finir (vraie batterie et ligne de basse) pour la faire figurer sur 4 Elements Girl. Nous l’avons jouée en février 2016 au National avec Charlène et Glynn, tout un challenge qui s’étira bien trop pour les animateurs de l’événement qui nous pressèrent de quitter la scène alors que la reverb n’avait pas même fini son voyage. C’est un hommage aux amoures éternelles qui résume à lui seul l’esprit de cette compilation faite sur un pas de danse avec le temps. La guitare à l’envers qu’on entend au refrain est là pour remonter le cours des temps et, peut-être, retrouver celui, en son espace corollaire, où les deux ADN mélodiques dont il est question se rencontrèrent une (première ?) fois :

« The melodies in our hearts / From a far away place in another century / We knew they were made to vibe again / And never never fade away ».

 

Bonheur et paix à vous,

vos airs et vos eaux, car « toutes eaux ne sont qu’une seule ».

BenLaBa

Partitures

Le Train

https://benlaba.bandcamp.com/album/le-train

Partition piano faite par Elise

Ressaca (BenLaBa-NoWorx)

https://benlaba.bandcamp.com/track/de-ressaca-2009

 

 

In Between the two of You (inédit)

 

 

Ciao Bella (Sébaï-BenLaBa/BenLaBa)

Version instrumentale ici : https://benlaba.bandcamp.com/album/ciao-bella

 

Shoegazin’ Giselle

https://benlaba.bandcamp.com/album/chants-de-compost

 

Zigzag dan’l’traffic

(Morin-BenLaBa/BenLaBa)

https://benlaba.bandcamp.com/album/david-was

Enfin Réchauffé

https://benlaba.bandcamp.com/track/enfin-r-chauff

Lou Poïssèl (Savignac/BenLaBa)

Brouillon post-impro d’où sorti ceci : https://benlaba.bandcamp.com/track/lou-po-ss-l

Ci-dessous, réalisé en première prise entre Cubase et BR900, le dit « Drum-Kit 1 » d’une ballançaille toute en 13 temps… C’est que l’Abeydou road en prend toujours un de plus. Chanceux ! *

 

 

 

De quelques albums de là-bas (ou les influences d’ici)

***#1La Fossette, Dominique A***images-duckduckgo-com

(post du 30 octobre 2015 sur la page  https://www.facebook.com/Ben-LaBa-1428922020691382/)

Mon album francophone, car tout simplement mon premier de parmi les gens d’ici, ou de là, enfin là-bas, quelque part, probablement nulle part et partout, donc… Certes y avait bien eu Claude MC avant, mais niveau rock pop indé.fr, c’est mon point 0. D’où ce premier post d’une série de là-baseries, des b à ba, des bases de vie d’ici en-bas. Les textes d’une voix perdue sous les boîtes à rythmes Casio genre premier jeux sur Amstrad ou… ? Et les guitares distordues maison. Un son d’une blancheur d’eau glacée, courant et roulant d’un mont solitaire aux flancs réchauffés de soleil. De neiges en hiver, lents à plats de « février ». D’oiseaux isolés du vacarme d’en-dehors. Nuit comme jour… Comment un live de ceci sonnerait-il d’ailleurs dans telle ou telle ville, tel ou tel concert, la nuit ? « Folie des hommes » et séparation des cœurs. Vivement l’espoir des échos glanés dès que possible comme ces « Dimanches » gris, certes, mais aussi blancs et noirs… Merci infini pour la liberté accordée à Mr A par Bernard Lenoir et ses acolytes dont les sessions d’alors faisaient mes nuits, mes jours, un peu avant que je ne touche ma première guitare. Inconsciemment ça ressemblait déjà à une liberté toute ivre d’alternative à l’industrie du mal-ouïr. Merci donc à mes frères pour l’introduction à Lenoir et sa musique « pas comme les autres ». Faussant compagnie au monde, tel une frêle fauvette dans ses envols furtifs vers un ailleurs toujours insaisissable, voilà comment ce fol ami des anges et des cieux fit sonner 1993 par chez moi. En français, pour presqu’une première fois. En 1994-1995, avec les Seek Extense!  nous reprenions en concert Les Hauts quartiers de peine du troisième album de notre aîné, Dominique Ané.

 ***#2 « VIVA HATE », Morrissey***

viva-hate (post du 18 nov 2015)

Cet album est à peu près celui de ma maturité musicale. Je l’ai acheté dès sa sortie, en nineteen eighty-hate, avant mes 11 ans. Je ne me souviens pas avoir acheté d’album avant celui-là ; profitant des accumulations de mes parents,  frères et soeur aînés pour me tenir dans cette sorte de courant que la mode alternative musicale portait jusque dans l’hexagone par ces anglophones d’à-côté, ou d’en face… Les Smiths avaient été mon école en ces 80’s, tout comme l’avaient été Police, les Cure qui allaient continuer de l’être jusqu’à Wish, ou Joy Division/New Order. Morrissey going solo ? Tout un programme ! Avec lequel je me suis finalement senti d’emblée beaucoup plus à l’aise qu’avec la plupart des choses entendues ici et là à cette époque, voire même depuis… Parsemé de classiques – oui encore près de 30 ans après, cet album (merci Stephen Street) contient des pièces majeures parmi lesquelles mes favorites qui sont souvent oubliées des commentateurs. Ce qui m’a le plus touché, outre la voix du Moz, ses propos hors norme, c’est la guitare de Vini Reilly : chef d’oeuvre. La justesse et la douceur de ses delay, son toucher en général, y compris folk et classique, relevaient le défi de l’après Marr. Un bonheur empreint d’une étrange mélancolie, de confiance en soi malgré les épreuves, un désir de (se) plaire à nouveau au-delà des choses accomplies, de se refaire, de se revoir en face à l’approche des crises de l’âge, des virages adultes, des abandons amicaux, des ruptures amoureuses… « Vive la haine », c’est-à-dire celle par laquelle on peut/doit parfois passer afin d’en tirer le meilleur, à nouveau, car rien ne tient en temps de crise, de désamour. « Viva Hate » serait alors bien plutôt pour moi un synonyme de « Merci l’Amour » et peut-être, aussi, l’est-il en ce palare (parler des gens du spectacle et de la rue anglaise, des gays faisant le trottoir, minorités slangant leur vie en pays dominant). On n’est pas à un renversement près avec le Moz et sa poésie pratique, taillée aussi courte que ses côtés et sa nuque par d’improbables hairdressers souriant aux muses animées un temps par Oscar Wilde… Nous sommes tous des enfants de l’amour et de la haine (merci Cohen de l’avoir titré). Des enfants de musiques violentes, rageuses, calmes, douces comme une caresse consolante ou brutale comme une claque exportant la démence des passions. Heureusement que d’autres, les artistes, les vivent pour nous parfois… Mais musique et vie réelle ne sont ici pas comparables : quel attentat haineux a-t-il déjà eu lieu en musique ? En 1988 Morrissey réussissait sa traversée de désert. Bien d’autres allaient encore se présenter devant lui… Lui que certains portraiturèrent en coupable, fat et repus, lâcheur du groupe. Ignare et inutile. Mais pour moi, dans ma chambre de pré-ado, poster du single Suedehead sur le mur (auquel, sans l’avoir prémédité, j’ai une témoin, ressemble ma pochette du « Train »), ce disque annonçait des choses plus profondes, personnelles, esthétiques, sensibles, vécues. Ce que je ne réaliserai que quelques années plus tard, prenant une guitare… (chute de guillotine)*

Albums de là-bas #3, 4 et 5

(post du 4 février 2016)

En 1989, j’achetais mes premiers disques CD. Trois allaient devenir majeurs pour moi, hors du commun. Quand le cerveau est encore libre de droits, libre de franchises, libre de pistes traversant plaines, forêts et montagnes, avant que la main de l’homme n’aie touché le sauvage et le naturel, eh bien tout est plus chatoyant, vibrant, imprécis et libre car indéterminé ; magique. Après, ce n’est plus le cas. La trace est faite. Le cerveau a ses « avenues de mémoire » (cf. mon « Avec Juliana »). Des passages sont ouverts pour toujours, souvent aux dépends de ce qui se trouvait à côté, en marge de ces autoroutes cognitives maintenant tracées à jamais. D’où l’importance de l’éducation, musicale ou autre. Car si l’art ouvre, il ferme tout autant.
**** Grâce aux Finlandais pas déprimés de 22 Pistepirkko (ils sont toujours en vie alors que le taux de suicide est assez élevé dans leur pays…), j’ai noué ma vie musicale avec une tradition « blues-rock de Blancs à l’esprit foutraque ». Quel album que ce Bare Bone Nest. 10/10. Belles mélodies, collages d’ambiances, bruitages, jubilations criardes, slide guitars et claviers aux sons douteux, drums maison et hélicoptères en pleine décharge des temps modernes, Frankestein toujours prêt à surgir dans l’angle mort des visions anguleuses, et puis ces eaux de Bayou… immobiles bien que dégelées, ou comment des Scandinaves suent le Sud des Etats-Unis !!! Merci encore les gars, euh pardon, les coccinelles, pour l’ouverture tous azimuts et l’humour classe « 22, v’là le blues-rock ».

**** Il est entendu aujourd’hui que Paul’s Boutique des Beastie Boys serait impossible à faire en ce 3e millénaire et ses droits d’auteurs hameçonnés aux croques la mort des ondes de choc. Plus moyen de sampler en paix, ni de voler ou de piller le passé pour le refaire vivre ? Si si, l’esprit reste, caché sous la loi, pas de doute. Mais quand même, c’est un fait, on n’entendra plus autant de liberté chapardeuse en musique. Ces gars-là, un autre trio, sont (étaient) des génies, du punk à la soul, du rap aux autres innovations qu’ils nous ont concoctées. Cet album est un must. On entre et on sort par des morceaux à cent mille lieux de ce qui existe. Au milieu, sous les millions de mots amassés en décharge postmoderne, là encore, on entend de tout, on danse sur tout, on s’amuse de tout et on jubile à entendre alterner les 3 flows bestiaux de freluquets blancs-becs roulant leurs vie urbaine à 300 à l’heure. Héritiers de mondes musicaux multiples, leur folie et leur humour juïf n’en auront pas moins alimenté une nouvelle tradition, que donc, les pro du spectacle auront essayé de tuer dans l’oeuf (cf. « Egg Man »), à moins que…

**** Dylan Thomas est né un 27 octobre au Pays de Galle. Son nom a influencé Bob Zimmerman quittant son Minnesota natal et s’inventant des vies dans les trains qu’il prenait vers l’Est. Il a écrit la voie lactée des nouvelles heures, pas mal éthylique sa voix d’ailleurs… Et vers la Swansea Bay, un autre Gallois lui a emboîté le pas. John, l’ami de Lou, Terry et Mo et ami d’enfance mienne avec ce Velvet en marge, avec la grande soeur, blonde, Nico, éternelle beauté sauvage. Orchestre classique, sons de Eno (cf. « Carmen Miranda »), voix de nez et piano annonçant la suite des Halleluyah, John frappait fort dans mon cerveau alimenté au classique en donnant des airs rock et pop aux Russes jouant ici. Le James Dean réincarné des photos du livret m’a toujours frappé aussi. Cet album, entre chaud et froid, entre morts et vivants, entre ici et là, refuse l’abandon gentillet (cf. « Do not go gentle… »), y compris de la part du choeur d’enfants, face aux affres du vécu, fussent ceux nécessaires de la mort, de la défaite. Dans le « Song without words #2 », on entend un relent du « Bist du Bei Mir » de Bach, lequel est aussi dans ma « 4 Elements Girl »… On lâche rien, on continue* Peace & Music Openess*

**//** Album de là-bas #6 **\\**

(post du 13 mai 2016)

Parfois, comme on dit, on « traverse » un moment difficile. On se réveille alors chaque matin comme dans un cauchemar (et non d’un). Les choses ne sont plus ce qu’elles étaient ou devraient être demeurées. Les vieilles manies ne payant plus, les monnaies de nos pièces sans banque ni route, sans building ni char d’attaque, rendues en quelques maigres ferrailles qui, accumulées tant bien que mal, font comme elles peuvent pour donner du vivant capable de se maintenir tant bien que mal sur quelques centimètres cubes de chairs et d’os lesquels ne fonctionnent plus comme prévu, comme devraient, comme pour de vrai. Bon, ça c’est pour avant. Ou plutôt pendant. Car tout ce qui ne tue pas grandit, n’est-ce pas Nietzsche ? Un jour ça passera plus, certes. A moins que… Mais pour le moment, si. Sur ce moment, si. Et c’est là, traversant ce moment difficile, que je suis retombé, il y a bientôt deux mois, déjà, sur mon CD de Anthem of the Sun du Grateful Dead acheté y a 10 ans. C’est là que je me suis dit : « Oui, je suis mort » et que, dans un sursaut de vie auquel cette musique n’est pas étrangère, je me suis sentis réinvesti du souffle et du tympan, du battement de coeur, du gonflement des alvéoles, du pouls des pas poussant le petit vers le Grand Tout avec une infinie gratitude. Une sorte d’acid trip sans trip ni acid… Mais une chose que sait rendre ce groupe, organique comme rarement musique de Blancs fut, est bien celle de la floraison, de la lente mutation des formes allant vers leur accomplissement, leur maturation et donc vers la révolution larvée comme jubilante d’une vie annonçant déjà son passage et sa prochaine décroissance. Chose sue d’emblée, jamais oubliée, mais conjurée à chaque instant ici comme l’est précisément le silence, si présent chez le Dead, entre les tresses de cordes et les micro-impacts de baguettes. Les voix multiphones et les auras étoilées de chacune des ouvertures proposées par ces morceaux sans architecture lisible immédiatement (à l’exception toute irrégulaire de « Born Cross-eyed », un single de 2’06 » dont la charpente est des plus improbable) que l’on découvre précisément dans toute la durée fractale d’un monde en pleine réalisation immédiate, en pleine « traversée » d’un œil de cyclone, ces auras étoilées dis-je m’ont une fois de plus rappelé combien ce fut bon les 60’s vers la Californie.
Jamais deux prises, deux live identiques, en 16000 fois comme le chiffrait Bob Weir dans The Other One sur plus de 50 ans de carrière… La vie quoi, la vraie. La musique éternelle, en route, sur les chemins de traverse. De nuit, de jour. L’Amérique blanche et métisse de l’ouest à son meilleur. Les Merry Pranksters de Kerouac à Wolfe… Les cousins Arthur, Jim et compagnie… Les jaloux des villes sauvages n’ont qu’à bien se tenir ! Mais surtout « Caution, do not stop on the tracks ».
Les histoires griffonnées sur les cavernes mentales des participants des soirées où revivait, encore et pour toujours dans l’infini, car vécu à chaque micro-instant, la musique du Dead, sont encore à écrire en tout cas. Perso, je n’y étais pas…………….* Hymne au soleil donc. Liberté totale. Perfectionnement des arts et des joies… Un groupe comme aucun autre et un album à part dans leur œuvre, il me semble. Avec ses mélanges de live et de studio, ses collages de bruitages et de transitions groovy-patchouli, avec ses doubles drums et ses lonesome Other Ones réunis en un Grand Petit Tout… Une des grandes expériences de 1968 assurément que l’on peut revivre à l’envie, sur table tournante, numérique ou pas.
*Bonne mort (lente si possible) les amis*

/=\ # 7 # 7 # 7/=\Г§~ฯ
Album de very là-bas : The Mabuses (1993)

(post du 30 mai 2016)

Ouais j’abuse un peu avec ces histoires musicales miennes… Mais s’il y avait un truc à partager car moins majoritant que d’autres, genre un truc mal connu, pas su, pas vu et pourtant gros, énorme en fait, du moins dans ma cabeza melomaniale, eh bien ce serait ce disque des Mabuses. Pas les doctes doctants d’une folle pataphysique molle et pourtant tellement plus consistante que bien des affaires en circulation. Non. Mais le premier album des docteurs désabusés mais rabusant d’embûches trésaillantes et sonnantes toutes muses et abbés confondus dehors, de A à B puis Z…

Si je ne m’abuse, ce groupe n’a rien fait d’autre d’écoutable, aussi étonnamment que je vous le traduise. Certes dans la trace qu’a sillonné ce disque en moi les guitares insistantes abusant quelques peu de lignes étranges (mais quelle dope prenaient-ils ces psyché d’un ailleurs indé-modable ? Peut être bien aucune… à part la bullante dont le morceau folk de marins à la fin semble tout droit évaporé) sont pour beaucoup. Les voix aussi, bizarres en un mot. Les beat, les inattendus, les courses mélodiques insistantes…
Donc les Mabuses ont eu, une fois au moins, tout juste. En moi une fois au moins en eux aussi sûrement, sur le nombre relativement élevé d’écoutes… Allé, une estimation : moins de 50 fois. C’est relativement peu car vu le contenu c’est beaucoup plus ! La bonne volonté de l’auditeur, vous connaissez ? Celle par laquelle on arrive ailleurs, venant d’ici, allant là-bas, projeté, déplacé, remué, ému, mu, laissé allé, échappé, perdu, envolé… Comme un pigeon, qui saît, qui s’est pris un coup de pied de Kim Fahy et sa bande surréaliste. Coup de pied au cul devenu du fait « Cu(L!)bicle », quel morceau… Avec mon bagage du moment, vers le début des 90’s, ça a sonné comme une symphonie pop donnée par 4 gars, grosses envolées lyriques des boucles de chorus et de claires fontaines dédiées au monstre souverain du roulant beat des formes magiques et musicales voltigeant en boucles folles sur les eaux du verbe et des planeurs liés d’électricités parentes et fusillées-nées de la matière inerte des silences engorgés. Une vacance au sein du Collège plus ou moins physique et pata.
Allez, let’s KICK a PIGEON ! on saute et, surtout sans lui faire de mal, pour qu’on s’envole avec, et, en un plongeon de chez les PIGS qui déraillent de partout chez nous.fr pendant de nouvelles manifs, on creuse le sillon de la résistance, du réveil de l’emploi à temps impartiels, de la vocation dévouée aux arts des formes nauséabondes abondantes pour le monde mourant des hommes en costards gratuits si propres… Rien à voir avec les docteurs je vous disai. Ou alors, et comme on peut le ressentir parfois à l’écoute de cet album, des docteurs qui donneraint la nausée comme exprès, pour rendre malade, pour, au fond, sauver leurs patients des choses lichées, lissées, aplanies, dégriffées…
Si ça fait mal à la tête, j’ai toujours pensé que c’était voulu. *Maljour chez vous les volontaires!*

https://www.youtube.com/watch?v=kol1XCHCeKU

—***–*-#8 Baby Bird, Fatherhood (1995)-*–***—

(post du 22 septembre2016)

Vers le moment de ma sortie de ma ville natale – vous savez genre cette small town dont parlent Lou et Cale dans Songs for Drella -, j’ai dû acheter ce disque en la sainte ville rose, histoire de perdre son con : Toulouse cong (pas très King en tout cas, merci). Et puis, bien que déjà connaisseur des errements endémiques d’un Chris Knox, l’homme-solo-holiste de New Zealand, j’ai pris cher. J’en comprendrai encore à peine la portée si je n’étais moi-même devenu papa… et musicien. Un disque fait main, un des lo-fi albums d’un pauvre perdu d’Albion que le Génie Poétique habitait alors (avant sa sortie sur les écrans des craneurs à cran sachant craner le monde de l’art et des cochons rosebeaf…). « So far away like Neil Armstrong » il se savait loin ce Mister Jones dont l’âge de maturité – lequel était-il craint, regretté, perdu, trouvé ? je ne le saurai jamais sans plus d’investigation, ce que l’ère pré-internet ne permettait d’ailleurs guère pour des pèquenots sans droit au chapitre – se situait bien loin de l’âge d’homme des Hommes communs.
Et pourtant ils étaient bons ses sons, bonnes ses compositions éperdues par lesquelles j’ose espérer qu’il se trouvait avant de donner des concerts partout et de, peut-être, tourner son petit oiseau en ridicule grenouille voulant boeufer. A l’époque il disait « We got all the Time in The World », il enregistrait à la maison, il envoyait tel un Daniel Johnston ses bouteilles à la mer, laissant ses auditeurs l’aider à trier dans ses démos quels titres devaient être repris pour un éventuel album. Celui-ci vint après cinq-six disques de démos et ce fut un échec esthétique quasi-total selon le néo-toulousain qui venait de perdre un ami au ventre pourtant rond de promesses. Un mauvais coup de rasoir ce « Ugly Beautiful » de 1996… Perso je n’aurai jamais osé couper dans ce Fatherhood, pas même les trois titres d’easy listening (chose abominablement kitsh et d’un goût probablement so british) qui sont à siroter sur une plage (froide d’Albion donc, cette ‘Alluminium Beach » où ils nous réchaufferaient certainement). Pas plus d’ailleurs je n’ai cherché ses autres disques, pensant magiquement que rien n’égalerait celui-là. Qui sait, bientôt je trouverai le coffret lo-fi ? (Choses faite ce 16 octobre 2016 et dans le livret duquel on lit que ce 3e album est son « finest achievement to date »)
Tant et tant de contenu dans ces 20 titres dont les quelques grands moments de grâce naïve, notamment poétique, ou les humours visuels (pochette) comme chantés – en froggy Man, du jamais vu ! ( » Oulalala mais oui, c’est la vie, c’est moi ») – nous donnent une idée de ce que serait, ou de ce qu’est ce monde, loin des hi-fi et des industrieux de l’art. Mes amis… Ahlalalalala où à qu’bar qu’on y joue un peu ? Encore et encore. Quelques bars à spectacle… Quelques barres de mesure plus tard…
La retenue des voix superposées, les guitares carillonnant, les drums parfois absents, les basses lyriques, les effets normaux et les grichements du studio maison… Merci Jones pour cette impression d’être chez toi, reçus comme des invités de marque, intimes choyés à notre tour de tant de générosité et de franchise, fussent-elles anguleuses comme l’Angleterre. La liberté d’un homme aux prises avec ses affects, soit le déterminisme artistique libre et rayonnant en pleine atmosphère… Rare. Rare comme un oiseau à peine né. Comme un climat jamais connus mais capable de durer tout le temps du monde, toute une vie comme l’avant-dernière chanson, « But Love », l’exemplifierait à elle seule. J’appris hier que l’oiseau avait pris son envol et changé tout récemment de nom. Alors on se croise en l’air! Bons vols les amis***///***\\\***

Albums de Là-Bas //*Mention SPÉCIALE*, sans numéro : MADAGASCAR##

22/12/16

A l’approche de Noël, fête du solstice, fête solaire au cœur des noirceurs, fête des valeurs essentielles de la paix des cœurs et des familles, de sang ou non, des générations entremêlées rassemblées dans le savoir des continuités et des transmissions, je voulais vous dire combien je suis heureux d’avoir rencontré Madagascar sur ma route mélomane. Ce fut par La Réunion. Ce fut avant La Réunion par la compil Houn Noukoun. Ce fut de tout temps car ces mélodies synthèses du monde sont en chacun depuis l’origine. Cette île incarne à mes oreilles, qui n’ont pas eu la chance peut-être d’en entendre plus, la quintessence de la spiritualité. Je dis cela sans compétition bien sûr : ici c’est la convergence qui prime. Toutes les expressions musicales transposent sur terre l’harmonie des sphères. Et Madagascar y parvient à sa façon, enfin à ses façons tant l’île est vaste et riche de cultures. Que l’on y aille avec l’accordéon, la tromba, les chorales, les cordes… que l’on danse ou prie, cette île sait depuis toujours que l’homme communie, vit par la mise en commun, le partage et le dépassement des choses matérielles. La communication avec les morts, la communication avec l’ailleurs, l’ici, tout y est réenchanté. Que de bonheurs à rencontrer Madagascar à travers Vaovy, D’Gary, Jaojoby, Salala, Fenoamby, Régis Gizavo, la valiha, le kabosy, les disques Ocora, le Hira Gasy, le tsapiky, le rimotsy…

Dieu a créé Madagascar et Madagascar s’en souvient en le louant. Les racines du bananier repoussent ici et là, elles reprennent l’antique refrain de l’homme se sachant engendré. Etant, à ce titre, éternellement reconnaissant il se sait devant agir selon les lois d’harmonie que fixèrent les ancêtres. Ensemble, contre les colonialistes, contre les mauvais profits, contre l’erreur humaine, dansons ! Chantons ! Jouons ! Louons!

Madagascar, pour moi -pauvre en esprit n’y étant jamais allé, et donc étant comme tant de fans ne connaissant pas la réalité de l’objet de leurs admirations- est encore cet horizon idéal(isé) de vie rouge terre sang dans lequel vivent les meilleurs espoirs de l’homme. Zanahary et tous les Saints, prions pour lui! Prions aussi pour l’homme, qu’il ne se perde plus, qu’il trouve la force de continuer l’œuvre mystique des premiers temps, qu’il cherche la paix, la fasse tout autant. En lui et au dehors de lui. Notamment en dédiant l’instant à ce Grand Tout qui nous a fait et que l’on vénère, chacun selon nos sensibilités, par voie de « musicosmogonie ». Amour, Santé, Musique à toutes et tous*

https://www.youtube.com/watch?v=ul3p15TqhHA

***\\\***#9 The Amps, Pacer (1995)***///***

(post du 28 avril 2017)

Début 1995, avec les amis du Seek Extense!, nous jouions Metal Man des Breeders (1990) qu’en tant que fans des Pixies on avait spoté, mon frère et moi, dans les journaux musicaux pour commander au magasin de musique de notre ville de campagne, là-bas… Quel album ce Pod d’avant les IPod ! J’ai gardé quelque part une bien drôle de version de cette reprise, enregistrée sur K7 avec des passages de séries tv au milieu… Quand est sorti cet album, à l’automne, je commençais à comprendre comment c’est : études de sociologie et grèves ; même Bourdieu en était. Et ce projet de côté de l’ultime Kim Deal – sans doute le meilleur deal de ce rock masculin et blanc que Kobain dénonce dans son journal…, même si j’ai toujours eu un faible pour sa soeur, maladroite, alcoolique tout autant, mais ô combien belle (cf. dans les rues du clip Saints) et créative comme le montrent ses soli de guitare à deux doigts (deux hyperactives ces filles-là, des filles du last splash assurément), même si on pourrait préférer l’autre Kim, Madame Gordon, cette Kim-là reste l’étoile du grunge américain d’où émane la lumière d’une éternelle jeunesse insoumise et savante et sereine et sage et dévastée et déconfite et reconfite et renversante car en perpétuel détournement culturel. Un activisme à la Kim ! Kim ! Yong-Uh ! Krill pour les baleines rockantes. Kill the Idol, you GigantiKim ! -, ce projet de côté disais-je donc, m’avait, une fois de plus, donné de quoi sauter partout !
Les Breeders ont eu la liberté kimienne de ne pas faire du Frank Black – une méchante bonne école ceci-dit – et on s’en sent pas si mal à l’écoute de ce The Amps où Kim, comme en solo, est avec un trio de gars, sans sa soeur ni Josephine. Le drummer, Jim, des Breeders en fait tellement encore une fois ici, toujours à sortir des ornières rythmiques habituelles du rock et à donner une formule nouvelle à chaque morceau. J’en dirai pas plus car les paroles me sont toujours passées au large, ne retenant que le son… si juste… Une énergie à partager ! Celle qu’on trouve comme on peut, mais qui, quand on la voit, l’entend, nous fait sentir qu’on sait. C’est comme quand tu branches la prise, quand tu plug the amp ! C’est électrique*

*=*//#10#\\*=* Michael Nyman, The Draughtsman’s Contract
(pas de date de post, voir ci-dessous pourquoi)

Ceux qui me connaissent savent que j’écris un livre sur ce disque, ce film. Ce sera pour bientôt (ça progresse bien, mai 2020, et, scoop, le titre ne sera plus Nyman en Mai… désolé Louis qui Maille, désolé joli holy month of May, mais la sève monte d’ailleurs, et plus haut…). Enfin selon une vitesse s’inscrivant dans le long terme d’un temps éternel, résolument ailleurs, là-bas, bien loin devant. En ce quand où les choses humaines du jour le jour n’ont plus guère d’importance. Soit, précisément, bien que sans égal, le message que ces compositions (rencontrée à leur sortie en CD, vers 1989, cad en même temps que plusieurs disques cités ici (Morrissey, Beastie Boys, 22 Pistepirko et John Cale) ou d’autres, comme les Fratres d’Arvo Pärt qui, eux aussi (notamment l’ouverture de Kremer et Jarret ou l’hommage à Britten), ouvrirent ma compréhension des temps musicaux à laquelle m’avaient déjà introduite les musiques savamment écrites), à travers leurs boucles et superpositions d’un si anachronique monde musical m’inspirèrent à coup répétés de bains auditifs du genre de ceux que, dans un appartement aquarium, j’avais entamés par la danse depuis des années, avant de parler bien sûr, ce qui arriva d’ailleurs relativement tôt. Nyman minimal ?

@====&====@ #11# Baden Powell
(post du 11 décembre 2017)
O Grande Badeco, a eschola sozinhna, a Igresia capital do violao brasileiro, o som de nunca Capibaribe porque esta de todos lugares, tocada para todo gente, d’Aqui pra la, d’ontem àté Amanha. Saravah ! Axé ! Deus le pago, con certeza*

/*=/*=/**=/***=/**=/*=/ #12-15 (10/1/18)

Pour sauter le pas de l’an, on reste en lusitanie avec Antulio Madureira et Ala dos Namorados. Deux disques qui n’ont probablement pas plus à voir entre eux que le Brésil et le Portugal…

Puis avec ces deux albums où brille le toucher de Paco de Lucia et le groove pas que flamenco : Calle Real de Camaron de la Isla et sur ces reprises du répertoire de Manuel de Falla.

Faut croire que j’avais besoin de soleil et de retour aux musiques écoutées il y a exactement 20ans.

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5/3/18

Codéine, Frigid Stars LP. 1991.

Ce disque de post-rock avant l’heure, terme sur lequel je ne tengo nada à dire de plus, précisément du fait que ce terme est effectivement arrivé après la bataille, a amorcé chez moi un nouveau départ. Ses volutes de veille inagitée, ses défoulages volontaires et ses lumineuses mélodies, ses accords d’un genre autre, l’harmonie rimant dans le trio et plusieurs autres choses dans le genre m’ont totalement pénétré via l’ouïe, pas XIV, non. L’ouïe à 15, royale. Le grunge en pleine culbute d’auto-topsie. J’étais pourtant dans mon univers avec ces froides constellations qu’engendrent parfois dans le cerveau d’autres galaxies (on ne parle plus, dans ce cas, de « planète » ni d' »étoile » pour désigner un humain différant de nous sous quelque aspect qu’on choisisse de se placer, genre pas mal relatif bien sûr…) cette drogue sous la bannière de laquelle le groupe sembla d’emblée se trouver. 25 ans plus tard, ça joue encore à l’occasion dans ma tête. On sait pourquoi. Mais ce qu’on ne dit pas une fois rappelé que nos connexions nerveuses datent de nos adolescences, c’est ce que ça fait réellement. Comment cela se fait non plus d’ailleurs.

Je ne saurai pas le dire, je n’y pense pas tous les jours et précisément cela advient quand on ne veut pas y penser… Mais je retiens le tremblement de terre de « Cave In », ses silences, sa nudité aussi. Je retiens, comme un improbable équivalent renversé des avalanches de cordes que Robbie Basho, tant mal que bien, aligne dans « Song of the Snowy Ranges », le vide entêtant de cet appel au soleil auquel tend la minimale, mais tellement efficace et synthétique dernière pièce du disque (laquelle fut d’ailleurs reprise par Diabologum). Le son distordu alternant avec celui clean de « Cigarette Machine », comme un rush de nicotine ou, plus fort encore, et de loin, d’envie de nicotine-goudron-tabac-agents de toutes sortes à inhaler pour s’évaporer dans une distorsion volutant vers les bouches d’aération d’un monde qui doit bien avoir une sortie quelque part… Ici, la parole prend le pas sur le chant. Naturellement. Dans ce monde inversé, comment voulez-vous avoir ne serait-ce que le goût d’ajouter à son message une quelconque fioriture ? Supplément inadéquat pour âme perdue. Inutile. Quand il s’agit de survivre en Occident rose bonbon ou gris métal, comme on voudra, l’habitude n’est pas nécessairement baroque. En tout cas chez les Protestants étrangers à la mare nostrum latine et musulmane… « Old Things » me semble vouloir couper court, lentement s’entend, à coup de larsen – émergeant à chaque nouvel accord tenu –, avec tout ce qui doit, de cette Babylone, être balayé et nettoyé d’une grande crue du Nil de la vie vraie. Reste du limon se souvenant qu’il n’est que poussière susceptible de fleurir où il se dépose, voilà ce que me semble se destiner à incarner la musique de Codéine. Comme née dans le bitume, mais respirant en pensée l’air pur du grand ciel étoilé. Étoiles glacées peut-être, mais assurément, de manière fort rassurante. Du moins autant que peut l’être une mélodie qu’on finit par trouver parmi les décombres alors qu’elle nous dit, en même temps venir d’ailleurs, d’étoiles brillantes et probablement chaudes, brulantes même. Depuis leur infinie distance, ces soleils d’on ne sait quels systèmes ne brillent-t-ils pas sur nous d’une chaleur que seuls les camés et les paumés et les troubadins et les salles timbrés branques peuvent saisir ? Eux qui n’ont rien à faire d’autre que de veiller consciencieusement tard, mais qui justement savent prendre le temps de le bien faire, c’est-à-dire de méfaire. Fut-ce à coup de ralentissements induits. Accentués, forcés, échappés. Leur art devenant alors, précisément, musicodéinitique…

Kristin Hersh, Hips and Makers, 1994

J’ai déjà parlé de Kim Deal et de ses millions de soeurs débridées. On reparle d’elles ces jours-ci. Kristin est un autre must. La Kristin de ces Hips and Makers, chantant qu’on en a bien vécu des bons moments, il m’avait semblé la rencontrer en toute intimité. Nous parlions une langue commune (son single au clip de bougies étant basé sur les mêmes trois accords que ceux qui avaient supporté mon « The Last Condemnation » composé en 1993 et sonnant, sans plagiat non plus, comme un autre titre envoûtant du premier LP de Mazzy Star ou un moment de grand délire sur le Waka Jawaka de Zappa. Si tout se passe bien, le prochain EP SGZ184 devrait, tel une boucle bouclée, contenir « Le Monde Change », nouvelle version de ces trois accords G/D/Am et ce fut fait avec l’aide d’EhrAr, Seek for Ever : https://benlaba.bandcamp.com/album/autoplay-2). Merci Kristin d’avoir trouvé des artifices si grands pour inviter les esprits candidats à l’émerveillement guitaristique à se trouver leur ciel (là encore, comme chez Codéine ou le Wilde de la Ballade de la geôle de Reading, il s’agit de regarder au ciel avec frénésie) à coups de danses tournoyantes, bien qu’assises, réalisées sur touches, de clavier aussi, mais toujours sur touches douces au toucher une fois acquise la douleur et la corne… Kristin, quand tu doubles tes voix, j’en prendrai des chorales entières ! Et Stipe n’a rien à voir là dedans ! Si ce n’était que ça me direz-vous… Mais non. Les instrumentaux sont complètement débiles mentaux ! De ceux qui justifient qu’on se taise pour plusieurs siècles. Aussi je ne m’épancherai pas, par respect. D’ailleurs, je ne sais pas comment tu as vieillis Kristin idéale, amie, fiancée, grande sœur, cousine, mère que je n’ai osée rapprocher depuis ce disque. Comblé. Pas besoin d’en savoir plus, d’accumuler, dépenser, risquer la déception aussi… D’ailleurs, on m’a dit que c’était pas trop ça. Je demanderai à voir, car j’en doute quand même. Enfin, pour la forme je garde tout ça bien ouvert. Je t’ai toujours fait confiance, et même si on te sait cyclotimique dès la première écoute de « The Letter ». Faut dire que t’en as vu avec cet autre « Loon » (pièce à écouter en entier pour savoir ce que c’est que de s’en sortir…). Que voulez-vous, entre la routine des semaines modernes et la vie de chantier émotif, j’ai choisi. Et Tu pourras, toi ou une autre, me traiter de loon à mon tour. Depuis tes hauts et tes bas, Kristin, je sais qu’on sera toujours deux : la musique et moi.

Red House Painters, 1993

Ce que j’aime avec cette histoire d’album héponyme, c’est combien le second, censé sorti après donc, est moins produit, moins léché. Pas étonnant tant ce premier LP avait atteint de telles hauteurs qu’il était évident qu’on ne pourrait jamais y retourner. Condamnés qu’on était à redescendre sans fin de ce supérieur état où nous conduit, convie le bien nommée « Down Through ». Un état d’Amérique amère d’après guerre civile et déconfitures socio-raciales en tout genre dont ces montagnes russes rouillées, symboles d’une enfance déclinée à toutes les heures de l’entropie de la vie, en sépia, rend assez bien l’humeur. L’Amérique sans fard. Je me trompais bien sûr. D’autres lumières allaient venir. Mais au fond, j’avais raison.

« Things mean a lot in the time, nothing later »

Un ami venu d’Amérique avec ce disque dans se bagages me le vendit. Il ne lui plaisait pas. Trop sombre. Sans savoir raisonnablement, je savais que je connaissais cette musique depuis son intérieur. Sans savoir, je savais que c’était Mark et moi qui avions des choses à nous dire. Enfin, Mark en avait à dire à nous, ses auditeurs du monde. Car ça a plutôt bien pris, me semble. Mark, ta voix et tes guitares, les jeux de tes amis aussi (la fameuse batterie à un coup par minute et crescendo de « Funhouse »), vous nous en avez fait faire du chemin… Ton disque parfait, 9 mois de galère à 12heures de studio par jour a porté ses fruits Mark. Jalon Mark, Landmark (comme le titre un de mes instrumentaux inédit rebaptisé « Jalon d’automne » mais qu’on peut entendre en partie au milieu de ce collage-ci https://soundcloud.com/benlaba/pot-pourri-oct2017) dont j’appris (car j’ai peu lu sur toi, de toi autre que tes chants) quelque part que tu aimais les Cure et Nick Drake (parmi d’autres) et que donc, en cela, tu rebalisais une route pavée mienne. Une route pour laquelle je suis né. Une route unique faite de contacts multiples et de grandes lumières, comme celles de chacun. Une route susceptible de dire le vide autant que le plein. Une route qui, comme tu l’accumules souvent dans tes compositions, s’engendre elle-même en devenant son propre terreau, comme un canon sur lequel s’étire et s’enroule l’espace-temps consécutivement à ce qui fut possible l’espace d’une fraction de flick dans ta tête et donc dans la nôtre. Les larsens de « Mother » ne deviennent-ils pas des cris de baleine ? Les idées simples poussées au bout, à bout de patience de l’auditeur pressé, sont autant de genres musicaux en germe. Tu as tout repris et tout rénové Mark. Merci. Tu nous as emmené ailleurs, toi qui ne rêvais que d’être emporté loin de cette relation à laquelle tu ne comprenais plus rien. Et nous non plus. Merci Mark. On n’est pas morts. Tu nous en a donné des preuves à mesure qu’on le croyait presque… Accident de voiture, accident de vie. Les entrelacs de nos vies sont faits pour dire combien c’est parfaitement que tout ceci se donne à vivre. Mark, tu as fait tout ce qui était en ton pouvoir. Seul, après tant de refus et d’incompréhension. Merci de ne pas avoir lâché. Merci de nous avoir montré le chemin des montagnes russes américaines, rouillées, sépias et pourtant si fraiches et limpides.  D’ailleurs Mark, à ce propos, si l’on sait combien est versatile ta guitare du fait de toutes ses déclinaisons (folk, nylon, électrique, open tuning compris, etc), et puisqu’on est entre nous, je me permets de te dire que ton piano me manque. Pourquoi n’en joues-tu plus ?

*/*#19#*\* The GLADIATORS – Dreadlocks The Time is Now

3/mai/18

Avant « la fête à Figeac 1994 », je me suis acheté mon premier disque de reggae : Natty Dread dans un supermarché de Castelnau-le-Lez. Pendant un an, jusqu’au bac et au printemps qui le précéda et qui rimera à jamais en moi avec le bourgeonnement d’appétits fondamentaux, s’en suivirent de joyeuses heures de partage avec le naissant Seek Extense!. Un aîné Peul nous avait rejoint quelques jours dans l’aventure lotoise, confirmant le bienfondé de toute cette migration des âmes et des symboles émanant des Amériques noires depuis que Garvey, Bowell et une certaine doctrine avaient trouvé musique adaptée à leur corps pensants. Nous en sommes encore là, non ? Mais à coup de bien réels battements de baguette, de très concrets frottements, grattements de guitare, de toutes ces micro-ondulations organiques, de toutes ces heures de danse et d’écoute vouées à discerner d’où vient le vent, à supposer où il va, comment, et pour combien de temps, les choses changent. Ont changé. Et le temps pour Griffiths et les siens, un autre triovocal.ja, c’était alors les 70’s. Pour moi, presque vingt ans plus tard, la compréhension des lois rasta était en procès. Notamment celles musicales. Celles que quelques années à peine plus tard, les triolets de l’Océan Indien, de Kaya à Rouge Reggae en passant par Racine des Îles ou Ras Natty Baby, allaient muter définitivement à mon oreille de Zorey voulant « apprécier ». Celles que ce soir je retrouve, réalisant un vieux dessein, celui d’apprendre à jouer les parties drums de cet album, parties si riches de clarté et absolument anti-redondantes, jouées entre autres par le Horsemouth du film Rockers . Le message encore s’insinue en moi, nouvellement certes, mais il me revient : « Be Wise to Know Your Culture »… Révérence aux Jamaicains et à la diaspora éternelle d’en chacun car « nous ne sommes pas de ce monde ». Sur les ailes de voix d’anges des shanty town, par un renversement tout carnavalesque, mais se jouant à présent à l’année longue, chose historique et comme permanente depuis qu’existent de tels enregistrements sortis des sous-sols de l’Empire, nous voilà arrivés en vue d’autre chose. Nous sommes « prêts », n’est-ce pas ? Sinon, y a qu’à. C’est maintenant ! Anyway, « A Day We A Go/I Said No Skid Ya/Hold on to this Feeling/And Move Ya » !

°°°19°°°

2mai2020 – Cette fois je m’épanche un peu…

« Please don’t pass me by » nous est adressé à la fin du morceau… Tu la vois la caravane aboyer ? Toi, le chien sans nom, silencieux, lorgnant vers le couchant, bavant, affamé, malade et prêt au moindre geste d’appel à lui emboîter le pas à cette cohorte de Sauvages que d’autres s’évertuent depuis 50ans à ne pas entendre pour mieux continuer à faire leur usual business. Chiens de trempes toutes autres que la tienne, semble-t-il… « Twice born Gypsies », tu dormiras dans cette maison, quand d’autres s’y glisseront, y passerons, mais n’y resterons pas autant que toi. Toi, famélique, chétif gueux du matin, assoiffé, tu y es entré, sans plus d’attente, trop écume résumée de la vie extérieure tu n’en attendais en tout cas pas l’ordre stellaire que tu y as trouvé ; les sources, les mines, les courants de fond et l’arche glorieuse libérant ses énergies depuis le bout de la caverne. Les graines semées ont donné, tant et tant ; ta chevauchée solitaire t’a légué le fruit initiatique d’une semence nouvelle, laquelle ne fleurira que lorsque les anciennes confusions seront ultimement balayées, dépourvues d’histoires solides faisant face à la Couveuse Eternelle d’un Monde changEant, se réunissant, se multipliant, se réarrangeant jusqu’à la prochaine mélodie à remonter le Temps.

Les 13th Floor Elevators, les « iliviètors », je les ai rencontrés par cet album et donc par son premier titre : 8 minutes épiques d’une changeante tout en statique, cet effleurement d’un lotus au nombre infini de pétales qu’on ne comprendrait pas mieux en étant de langue maternelle de la mère Erickson (ni donc celles de son fils, Roky, le compositeur chanteur, ou de l’auteur des textes, Tommy Hall —qui est aussi le joueur du jug branché sur l’effet de vibrato pour la seule fois de l’Humanité—, des deux Danny, les nouveaux venus à la basse et batterie, et pas plus de Stacy /// Note 1 : dont le riff final sur ce morceau se retrouve dans « She lives (in a time of her own) » et qui fonde aussi tout le titre « Livin up » de l’album suivant, Bull of the Woods, s’est retrouvé au final de mon « C’est Ainsi » (Cf. BenLaBa SGZ181). Comme quoi, oui, la musique a bien sa vie propre au large du continent du langage. fin de note///), minutes ouvrant sur l’ailleurs parmi les plus littéraires et mystiques que la musique américaine ait su créer sous un déluge de sonorités rock (et blues de Blancs, nimbées du yoyo sonore oscillant à mesure que décollent les mots criés, car, oui, Roky ne chante jamais comme un autre le ferait, et les rugissements roulants d’une basse jouée par un singe mendiant des gouttes d’or sous la lune, arrosé des cristallines écorchures des distorsions multiples d’originales guitares revenant et déguerpissant sous l’orage, saturant l’avenir, libérant le passé de ses jougs, démissionnant le présent de ses gonds d’une force des moins comparables, alors que la batterie (et les percussions ! qu’on n’entend pas aussi bien sur toutes les versions de ces bandes à moitié sauvées du Néant du Temps) te redit les rythmes hypnotiques d’une sorte de sagesse physique, toute —et rien que— tellurique, n’ayant d’équivalent que les tremblements de terre (« Earthquake » est le début de la face B), que débâcles, torrents de lave, effluves d’une fumée de feux de continents entiers, alors que le Verbe, en toute acceptation de la Maya te dit toute sa fougère d’arborescence illusoire, ses codes de toute façon perdus depuis autant de lustres que les sceaux explosés d’un monde finissant et que ni les mères des uns ni des autres n’avaient pu même imaginer en songes, rêves ou cauchemars.

Il n’y aura plus de saison après celle-ci. La Pâques, l’Easter est à présent partout, Everywhere. Je suis né à nouveau. Une fois de plus. Ce disque, ces hommes, ces Omious, ces nouveaux humains d’une secte sans nom, les Nomious, les Unanomious, mes Humains d’amour réel, ces humains éduqués à la baguette en plein Texas, s’étant rééduqués en anciens cracheurs de feu de cactus aux coyotes mûrs, ces métis d’Indiens de la frontière, ces sans âge d’un monde en pleine construction qu’il s’agissait déjà de décepter, de détourner, de dérouter pour lui dire que les coyotes, les cactus, le feu, les astres, les Indiens, la frontière, même les Âges n’existaient pas comme on les avait présentés jusqu’ici…
Ces choses ne se comprennent jamais bien tu me diras… Alors autant les chanter. Autant s’appeler les « ascenseurs » dans un monde commençant à grimper un peu trop haut afin de se présenter comme une autre voie possible d’ascension générale : celle du psychédélisme, le mot apparaît avec le groupe. Et, alors que d’autres cherchent à s’agripper, pourquoi ne pas se donner un état fixe qu’ils puissent comprendre, un état provisoire du moins, celui du 13e étage tient, pourquoi non ?, celui que, par superstition, on ne nomme jamais en Amérique du Nord… Autant les vibrer et les balancer ces choses dans l’univers. Peut-être que parmi les auditeurs lambda, atomes humains directement alentours ou pas, comme moi, incapable en bout de ligne de nommer ce qu’est un Omious, un Hommium, un harmonium à deux pattes, croisé d’un clavecin et de cornemuses mêlées aux sistres et tambours divins des déserts des Etats d’un Sud qu’aucune plantation n’aurait su enrichir d’un quelconque esclavage africain, peut-être que parmi les auditeurs il se trouvera quelqu’un qui entendra l’appel et montera à sa propre vitesse sur les épaules de l’air vers un Monde Nouveau, meilleur… Car ici, entre les yeux du serpent et ceux d’une constellation qui te gèle sur place dans la nuit bleue d’un univers lunaire, il n’y a que très peu de vie possible. Et quand on y pense, c’est ça le risque que prirent ces jeunes gars : risquer de tuer la vie pour être sûr d’en prendre une dose tout sauf quelconque puisqu’amplifiée par des substances aux effets cognitifs les plus lourds. C’est aussi le risque que faisait peser sur eux l’Amérique les attendant au tournant, comme pour monter en exemple aux yeux de ceux qui seront restés anodins, ordinaires et ternes, qu’on ne revient pas sain et sauf d’une aventure si risquée… que l’est celle qui conduit à l’asile où elle les aura mis de force. Comme Artaud. Et certes, Roky est mort. Mais il y a peu. Et il envoyait encore du lourd. Comme toujours.

La relative impression de mystère que j’accroche à ce groupe n’a d’égal que Pâques donc, ce Renouveau, cette Résurrection annuelle de la vie de nos campagnes, de nos cellules, de nos pulsions, de nos humeurs… Ce prinTemps partout, tout le Temps, ce prinTemps du fond des âges duquel quelques milliers d’espèces vibrent actuellement autour de moi, et auquel vibrèrent donc, en leur Temps, en leur lieu, ces Texans ni de l’Est ni de l’Ouest de la musique américaine que mon panthéon met encore plus loin dans l’ailleurs d’un au-delà des choses de ce monde où sont d’ordinaire érigées celles des années 1960. Lesquelles sont quand même assez libres, excusez du peu. Mais il y a bien des raisons à tout cela. Une d’elle est simplement le fait que la reprise de Dylan contenue dans ce disque est la meilleure représentation de ce que je me fais d’une reprise, laquelle est une « variation ». Comme le disait Glenn Gould dans une présentation CBC du 3 juin 1964 :
« Shortly after the first musician has produced the first recognizable musical sound, the second human was very probably ceased by an urge to produce the second musical sound (…) All music, in that sense, is about other music. All music is possible because of other music. In that sense, all music is really variation upon some original music ».
Il y a bien ici cette volonté de propulser le morceau original servant de modèle dans une sphère qui ne lui appartiendrait plus tout à fait et qu’on aurait tramé soi-même. Et par cette réattribution, cette appropriation —qui n’est pourtant pas du tout une prise de possession, bien plutôt une façon de lâcher-prise total offerte par ce jeu de syntonisation et de libre imitation (combien d’inepties entend-t-on en la matière, combien de ressasseurs sans nom, sans son, sans ton pour des originaux eux-mêmes souvent inutiles… ce que le « Baby Blue » de Dylan n’est d’ailleurs pas)—, bref, par la version devient possible de vivre une réalité différente tant de la sienne propre que du modèle original qui diffère ainsi de son soi-même… La Création en somme, vécue en miniature par ce trafic qui fait qu’on se sent être, qu’on devient en se branchant sur une mélodie venue de l’espace et y retournant, mais pas avant qu’on ait pu y apposer sa marque, sa fabrique, son geste, lequel est nécessairement le plus beau possible, selon les moyens du bord, les acquis et les lacunes, les illuminations et la part d’ombre des bricoleurs célestes servant de relais dans l’infini.

Voilà ce qu’aura été Easter Everywhere pour moi, un relais empoigné sans m’y attendre, (Julian Cope et mon frère y étant pour quelque chose) vers l’âge de 12 ans, mieux écouté depuis mes 14, et à propos duquel je ne dirai jamais que le meilleur du bien. Les superlatifs devraient vous exploser au cerveau d’eux-mêmes… au risque des ombres, des feux, des Dieux, des Juges, des Diables et des sauvages du désert, des lézards du chemin aux cactus ; au risque de la fée électrique, des âmes du Purgatoire nucléaire, des Anges des constellation virales (au fait, allez demander à Jerry Lee Lewis de quoi il en retourne dès lors qu’il s’agit de faire du rock dans le Sud, pourquoi pas en lisant Nick Toshes, Burrougs ou Faulkner, et voyez les liens de tout ça avec Dieu) ; au risque aussi des bien étranges résultats de studio, parmi les plus pourris possibles en un sens (///Note 2 : En fait, la réalisation de l’album s’arrêta avec les fonds disponibles alors que s’accumulaient encore les réenregistrements sur les premières prises directes du groupe entier qui devaient conduire à l’album idéal (ce qu’il est quand même, à ce stade de la matière…). L’été 67, passé dans une cabane, assignés à résidence au Texas pour possession de drogue, servit à modeler ce son hors norme —qu’il faut donc absolument écouter en mono— comme plein d’humidité, de chaleur nocturne, de vapeurs, de sueurs, comme si l’Esprit et la Matière s’étaient mêlés à mesure que se joignirent les personnalités musiquantes de cette baroque élaboration que bien des rééditions, même audiophiles, n’auront pas su recombiner ///fin de Note), qu’une musique comme celle-ci, venue de là-bas et y retournant, vous y emmenant pour sûr, ne peut qu’amplement confirmer comme très secondaires là où il s’agit de verticalité et non pas de simple « matériel » (terme employé d’ailleurs par les Kapitalistes anglophones pour dévaloriser les oeuvres de lumière révolutionnant leur monde). Ce disque devrait faire oublier d’au moins 100 milles lieux la soupe musicale servie à grande échelle depuis, ici comme là, à renforts d’artifices aussi abscons que délétères pour la communion des sens (///Note 3 : C’est précisément le sens que je mettais dans une des premières composition du Seek Extense! Dont le titre faisait d’emblée allusion à l’efficacité symbolique de ce disque culte dans mon multivers. Précisément, « Evil Everywhere » (1994 cf. ici https://benlaba.bandcamp.com/album/evil-everywhere-20e-anniversaire ) peut se résumer en un culte d’exorcisme chamanique vécu durant une improvisation de 45 minutes (dont ne restèrent que 15, celles libre sur cette Face de K7) à plusieurs. Les 5 musiciens n’avions pour seule consigne que d’alterner deux pôles d’activité musicale : l’un plutôt calme reposant sur un bourdon de ré, l’autre mouvementé correspondant à une monté chromatique d’un octave à partir du mi, et donc de suivre, à mesure que nous les découvrions, les possibilités infinies empruntées par le passage entre ces deux états eux-mêmes indéterminés. /// Fin de Note). La même semaine de novembre 1967 où sortait cet album passé, sur le coup, à la trappe des clinquantes actualités normalisées dans leur pseudo-rébellion qui allait donner des Sir Ceci-Cela de sa Majesté, imaginez donc…, parut un Stones, qui fit florès, lequel s’était inspiré du Sergeant Pepper, lequel dépendait à son tour du Pet Sounds et du « Good Vibrations » des Beach Boys, lequel lorgnait probablement autant vers les cultures chamaniques que la symphonie baroque, lesquels tissaient leurs liens vers… Alors, on descend ou on monte ? Tu sors à quel étage ? Moi, je reste… en mono « Levitation ».

Fil de nouvelles éparses

C’est comment commencer ? (A propos d’une reprise disponible à l’écoute depuis un mois sur le premier Simple de l’album à venir) 5/6/20

 

salut les amis d’ici et de là-bas, en forme ? Old and New friends of the green deep forest of azure, ladies and gents from the cops-psychadélic world to come – and not to come cause we’re standing, sitting, singing, looking, breathing, dancing, earing, talking, humming around… florishing this land.

friends, ça fait quelques semaines que dans un état de conscience modifié, naturellement, j’ai gravé sur le métal hurlant des inconnues virtuelles une démo d’une nouvelle reprise de Nick Drake. Oui, car c’est bien lui qui m’a quand même donné des ailes en solo, vers l’âge de 18ans. Un de ces gars qu’on n’oublie pas. D’ailleurs, il se voit de dos quelque part sur YTub (et c’est sa seule vidéo en ligne) passer, géant dans un de ces stupides bestivals des familles urbaines. Bref. Au cas où vous le chercheriez…

Les amis, darker ou brighter than the deepest sea, cherchant des place où rester, où vivre, où to dwell, eh bien nous voici ensemble dans cet éternel là-bas des gitans, des sans-land, des migrants sans voix. Oui. Et Nick en a vu des pas pire à ce sujet… Lui qui a certainement quitté ce monde sur un mauvais coup de tête dû aux trop fréquents assauts d’une sauce y était se satiatisant à l’aise l’arme à gauche sous le coude des infamie brûlée pour oublier le sauvage esprit de la forêt d’où chacun venait pourtant… Ne disait-il pas « I was made to love magic, all it’s wonder to know. But you all lost that magic, many years ago » ?

Place to Be, donc. Une histoire de territoire ? Pas du tout ! Un en-soi à libérer, un cosmos à rouvrir, image mentale d’un idéal aux grands axes à venir… une chambre à partager, un lieu à co-habiter à tout le moins… car c’est de l’Autre que tout ceci cause, eh oui.

Une amoure perdue ? probablement. Un(e) du genre de ce qui n’a ni singulier/pluriel ni genre ni temps… You… Un « need for You ». Or, partageant en partie seulement cette préoccupation universelle que le Nick dû vivre bien intensément (et comme avec From the Morning, autre morceau de l’album Pink Moon que je repris en vidéo), il s’est agit pour moi de sortir du schéma total spleenétique en ouvrant la musique à une lumière certes présente d’ors et déjà mais parfois trop oubliée au profit d’un souffrir trop simpliste, décadent et désassociant l’être lui-même. Les paroles sont claires comme de l’eau de roche : la pureté de Drake ne tarira jamais. Alors pourquoi s’assombrir tous ensemble à ses faux pieds déchaussés ? Non, Nick marchait nu pied (voir la couverture de son 2e album) et attendait mieux de nous. Aussi ma version de « place to be » a-t-elle des accents de mariachi, de mandolines traditionnant l’amour et la fragilité de l’impétrant à l’amour éternel, ce prétendant ne se sachant pas grand si inquiet mais soucieux de quand même conserver sa vitalité pour pousser l’aventure encore plus loin…

Cette chanson est une lumière à mes yeux, et ce malgré ses propres paroles  pourrait-on dire. Car au fond sa place bien à lui ne l’a-t-il pas trouvée ? Qui peut se targuer d’avoir autant de maison douillettes en ayant atteint le plus profond coeur du coeur de certains de ses co-species ? D’humain à humain, par-delà le temps, les lieux, Nick, oui, garde l’éclat du diamant. Qu’on ait ou pas fait le tour de ses contemporains, de son contexte d’émission, on le sait d’emblée. Et c’est là sa place. Eternelle. Radieuse. Emetrice, fut-ce en silence. Car chacun de ses amis d’ici et de là-bas y projette (à toute heure, pas que lors de l’écoute) ce qu’il en entend, ce à quoi il s’attend et comme il l’entend. Perso, Nick est ce géant nimbé de lumière qui dit salut en passant et dont le clin d’oeil tout autant que le sourire en coin m’ont interpellé, et continuent de, pour aller plus loin, mieux tendre l’oreille, m’ouvrir à son message et tenter, à sa suite, une aventure personnelle face aux cordes de la guitare autant que de la musique des sphères portatives.

Merci pour l’accueil Nick, merci pour la place, j’ai beaucoup aimé, appris et ressentis. Merci to Be

¨°*¨°*¨°*Ben Ici *°¨*°¨*°¨

 

Voilà quelques lunes de passées… (25/09/19)

depuis mai 19 cette image d’un son d’ailleurs, tout vert, tout rose aussi, se promène en moi, avec son parangon retourné au curisme de la période joyeuse, j’ai nommé « Rois & Reines » (disponible simple bandcamp) et « Les Films Américains ».

L’or des fées orphiques (7/1/18)

A l’orée d’une nouvelle année, alors qu’un épisode du Theme Time Radio Hour de Dylan tourne, celui sur la danse – qui d’ailleurs laisse à l’instant place à un Paco de Lucia (Barrio La Vina) -, animant ma nuit blanche, je repense à cette photo qui accompagne mon Soundcloud depuis un bon bout (https://soundcloud.com/benlaba). Tibidabo début années 2000, avec trois amies. Sur ces hauteurs, après un long couloir, un téléférique souterrain peut-être aussi, la lumière revenait. Sans l’avoir compris plus tôt, voici clairement comment se pense mon humeur musicale au moment de la pratique, de la mise à l’épreuve, de l’affairement à cet artisanat mien (que d’autres savent pousser jusqu’à l’art!). Elle se pense comme une prise sur le néant, sur le vide, le silence. Certes ce dernier est l’essence du tout. Mais, trop humain, je participe à l’occasion au brouhaha. Au moins dans ma tête… Et de ce silence idéal laisse advenir des choses, comme cette clarté du bout du tunnel. Ou son espoir. Et cette image, je ne l’avais jamais pensé avant de retrouver ces personnes sur Facebook (ce qui n’est pas le cas d’autres, nombreuses croyez-moi, qui n’ont pas – et n’auront probablement jamais – de compte), cette image retrouvée, ou plutôt revue différemment, ce déclic pris, par définition, sur l’instant, me dit que je suis au contact des gouffres et des lumières quand je joue, compose. Certes, à filer la métaphore, bien souvent je ne risque pas le regard vrai, celui qui se passe d’appareil (d’ailleurs cet argentique était très drôle, avec ses bandes noires), et qui se tournerait entièrement vers les profondeurs de l’être, jusqu’au plus loin possible. Comment oserai-je ? Même Orphée ne sut remonter son Eurydice de tels enfers. Ainsi, de peur, je ne remonte alors que de furtifs souvenirs, de rapides prises, de furtifs clichés, de glimpsantes inachevées et naïves premières prises. Aussitôt jouées, aussitôt oubliées. Ce puits sans fond où l’inconscient des harmonies internes rejoint celui accumulé au fil des hommes et des astres, ce vivier où réside la créativité universelle de nos êtres, je tâche toutefois de lui être fidèle en me laissant traverser par son faisceau de sens, N’en captant, au pire (mais c’est beaucoup), que la direction ou la provenance, au mieux, mais certes comme par bribe, l’armature intégrale et la signification essentielle. Sur cette image, les muses aux cheveux balayant le spectre des couleurs sont en pleine tractation et ne s’occupent guère du passager sur le seuil de sa vie. Sa vie lui appartient en effet. Mais lui sait qu’en consignant telles quelles ces mélodies qu’il retrouve d’on ne sait, bien sûr, jamais où, ni de quand tant l’autodidacte impro-vie ne saurait se contenter d’aucune technique déjà recensée, il aura approché le mystère. Il aura joué pour elles la partition éternelle. Il aura tenté une chose, fusse l’instant d’un éclair. Il aura pris un cliché du temps. Il aura pris du temps. Il l’aura recréée. Musique de l’oeil que cette étrange image arrondie par un miroir bombé. Passage obligé des allers-retours d’une vie au seuil entrelacé de musique. Alors, en cette nouvelle année renouvelée, ombres et lumières auprès des fées orphiques à vous !***

 

 

Lou Poïssèl (7/7/2017)

Salut gang, comment se passe l’été ? Ici, là-bas, je fais peau neuve, plutôt que de me la cramer sans soucis au soleil (ce que j’ai trop fait avant mes 27 ans). En effet, dans ce tout récent SyGyZic Studio (farewell au Blue Baptéism Studio), face aux allées et venues océano-fluviales, je me concentre sur des formes de loop artisanalement bouclées. Avec un clavier, me voilà retournant aux sources de ma musique à mesure que se répète en changeant ce Même musical qui ne prend généralement que le temps de le jouer pour exister. L’impro-vie bat son plein ici, même si sa reprise avec Cubase prend bien plus de patience et de bricollante maestria. Moi qui n’ai jamais tenu la technique pour nécessaire, voilà que ce mélange de composants me donne du fil à détordre pour aligner ces loops en direct. Il n’est pas question de passer en pilote automatique, plutôt de danser en faisant les quelques pistes superposables. Je sais il y en a encore trop, l’épure n’est pas encore au programme, le baroque créole domine encore par ici… Mais voilà, ce baroque est donc électronique, électrique et, comme pour balancer du rein autant que du cerveau, de-ci de-là, comme dans ces roulements déhanchés propres aux musiques de danse, voilà que le chant est occitan ! De la dance occitane ? Non, du jazzroxitan ! Oui, c’est dit. Entre Miles Selim Sivad Davis et Michael Nyman en mai (ou juillet), entre les Dédé Minvielle en roue libre (à suivre if you can) et les amis du monde païen at large (toutes eaux sont une seule pour credo), entre le dub (d’une Peel Session de New Order) et le punk (de Lee Perry), voilà que je retombe sur mes pattes ethnomusicales. S’ouvrent de nouvelles portes alors que se déroule et se détourne ce poème de mon tris-arrière géniteur, Jean Savignac (vers 1850-vers 1930). Vigneron de son état, il déclamait ses vers et ses coplas durant la messe dominicale debout sur un tonneau. Ma foi, la mémoire collective a du bon, l’oralité aussi : ça se sait, ça se dit et voilà que ça revit. Ce poème, le seul conservé par ma grand-mère, imprimé en format A3 d’époque, loue le piquet, le paisseau, l’échalas de la vigne ; symbole ultime de l’acte culturel, support d’un vécu dédié au bien faire, au bien partager de la mise en commun, au bien boire, au bien vivre. Il y chante l’hybride (oui, vers 1900…), ces plans passés par la Californie, numérotés, et le fin, le naturel. Il nous rappelle la modernité des millénaires passés. Notre monde n’a qu’une forme neuve, son fond ne saurait s’écarter de nos capacités biologiques (certes en voie de monodisation, à moins que…) et de ce qu’un Tchouang Tseu put en formuler bien avant notre ère. Vive la vigne et les vignerons ! Vive le poïssèl par qui je retroubadoure mon temps ! Comme diraient mes amis créoles pratiquants des cultes aux ancêtres africains et malgaches, voilà que « lèspri i arlèv ». Et pour de bon * Merci la vie dont les méandres débouchent toujours sur le vaste océan : « ti kanal i sava la mèr » * Après ce premier jet de 10minutes (écoutable en plusieurs versions ici https://soundcloud.com/benlaba) à la prononciation lacunaire, voilà que se profile la possibilité d’une forme plus aboutie, courte peut-être aussi, pour ces coplas 7,6 et 8. Pour le reste des 13 strophes, déjà plusieurs formes se sont présentées ; ça va du classique au grégorien, du folk au rock. Un de ces jours existera ce Poïssél arlequin carnavalé ! Al rebeïdé*** santé, amour, paix***

VII

 

Bibo l’hibrido é l’empéoutat.

Bibo lo bigno é lou plontou,

Bibo lou biniéïdou qu’o plontat,

Bibo soun potrou saint Bourou,

Bibo l’oourou qué nous roporto

Lou bi fi, lou bi noturel.

Bibo lo biéïllo combo torto,

Bibo soun apui, lou poïssél.

VI

 

L’hibrido plon dé résisténso

Dé lo plonta hueiï coïl soun tour,

O l’obénir n’aïl l’ossurénso

Iyoouro dès numéros millours.

Sé béjen lou bigné berdéscha

Sério grassio ol plon noubél.

Se béjen los bits bien soligna

Séro grassio o lour poïssél.

VIII

 

E ol diaplès lo poulitico,

Paou m’emporto lou réjultat.

Siasquo réï ou républico

Bibo l’ordré, lo livèrtat.

Lo borrico coï mo soussialo.

Qu’ont ol sufrasché universel

Mettraï dins l’urno élèctoralo

Uno tossado dé bi biél.

 

La fée Rovière était là* (18mai2017)

Bien belle expérience que ce premier concert avec Arnaud, pilier angulaire du Seek Extense! nouvellement arrivé à Québec et Léo. Merci à tous de votre présence, votre écoute. Aux enfants pour les sculptures, les danses. A Mickaël Veilleux qui nous a fait un beau cadeau en enregistrant le show (bootleg intitulé « Pleine Lune en Scorpion. Live au TamTam Café 10 mai 2017″ ; 78’33 »). A Elise Bégin pour ses photos et vidéos parties au Yukon, puis revenues. Et bien sûr à Ma J pour les divinités peintes***

Set List :

01. Le Moment Venu (BenLaBa : guitare)

02. Le Monde Change (Arnaud Ehrlich : guitare lead ; BenLaBa : guitare, voix)

03. Contribution aux Liens (Arnaud : batterie ; Léo : basse ; BenLaBa : guitare, voix)

04. Le Train (Arnaud : batterie ; Léo : basse ; BenLaBa : guitare, voix, harmonica en B)

05. Avec Juliana (Arnaud : batterie ; Léo : basse ; BenLaBa : guitare, voix)

06. Pourquoi ? (Arnaud : batterie ; Léo : basse ; BenLaBa : guitare, voix)

07. Au Coin du Feu (Arnaud : batterie ; Léo : basse ; BenLaBa : guitare, voix)

08. Aux Saisons d’Après (Arnaud : batterie ; Léo : basse ; BenLaBa : guitare, voix)

09. Pars au Soleil (Arnaud : batterie ; Léo : basse ; BenLaBa : guitare, voix)

10. ZigZag dans l’Traffic (Arnaud : daf, carillon ; BenLaBa : guitare, voix)

11. Please, Please, Please, Let Me Get What I Want (Arnaud Ehrlich : guitare lead ; BenLaBa : guitare, voix)

12. Four Elements Girl (BenLaBa : guitare, voix, harmonica en D)

13. Epilogue (BenLaBa : guitare, voix)

Rappels : Le Train ; Avec Juliana

Toutes compositions de BenLaBa exceptées 2, 8, 9 : BenLaBa/Seek Extense!, texte 10 : Jean-François Morin/BenLaBa et 11 : Morrissey/Marr

 

 Vernissage Concert au TamTam Café (10fèv2017)

Merci MaJ pour l’invitation, bis : on remet ça ! Tes toiles inspirées savent où me trouver…

***On prépare un bon show pour ce prochain mois de Mai,

« holy, holy month » selon L. Cohen (Who By Fire ?), le mercredi 10***

Ben d’Aqui* (22sept2016)

Blogging around plutôt que sur un FB mortifère, me reprends après un été passé au loin, pourtant tout proche. J’y ai revécu des festivals : cela faisait plusieurs décennies que je n’en avais pas squatté et celui de Mémoires et Racines vers Joliette m’a beaucoup apporté. Le retour à la base du folk, de l’esprit vécu des voix et des doigts, les rencontres, les aperçus, tout fut bon dans cet incontournable de la musique encordée d’icitte. Et avec la rentrée, le travail achevé, la boucle bouclée, les désirs sont enfin pris à la racine plutôt qu’enfuis aux quatre vents des branches et des pollens. Me voici avec l’ancrage d’un harmonica, soufflant sa voix dans les airs, cet instrument ringard, d’une autre humanité, d’une précision bavaroise et pourtant grungé par des punks du folk et du blues depuis le début de l’enregistrement, cet instrument populaire et pourtant si savant, cet instrument connu depuis l’enfance pour y baver allègrement sans y rien entendre d’autre que le plaisir d’un son hors-jeu, cet instrument snobé par certains, demeuré bien plutôt si longtemps inatteignable pour moi, cette bête musicale me sourit enfin et depuis deux jours, entre Young, Harri-Krishna-Son, Dylan m’aidant à me domestiquer à elle, m’ensauvager donc, ce monstre me parle. Elle me parle d’évolution, d’approfondissement, d’engagement, et d’ailleurs, encore et toujours, d’ailleurs. D’un ici autre que celui-là… D’un là-bas où souffle le vent d’ici, d’un ben d’aqui connu là-bas… Ce vent, cet air, j’entends, j’ose l’espérer, le porter prochainement jusqu’à vous ! Sur les ailes d’un duo humain se retrouvant 20 ans après un groupe nôtre : Seek Extense ! (1994-1998). Alors entre ici et là, entre un été s’allongeant et d’autres tons d’automne à venir, avec le souvenir de l’an passé et d’enregistrements encore inédits car endeuillés, vous promets nous retrouver bientôt avec du nouveau et du vieux matériel. Santé à vos oreilles avant cela !

Bien musicalement, Ben*

 

Oct 2014, Cimetière St-Charles

Nouvelles de Printemps (23avr2016)

Alors que j’écoute en boucle les deux guitares (2&3) de « Enfin réchauffé? » (enregistrées il y a deux ans déjà, mais postées sur soundcloud sans le reste du morceau il y a deux semaines), ce doux baume passé sur l’hiver finissant, un de ceux qui laissera ses traces : absences, retrouvailles, renoncements et grandes traversées visant les horizons de nos projets encore imprécis, mais déjà bien vivants ; eh bien, en réécoutant ces accents de kora grunge, de guitare classique solitaire, ces airs de je-ne-sais-rien-sinon-la-fragile-mélodie-des-âges-et-des-fleurs, mélodie que me portent les vents chargés des pires industries comme des meilleures intentions, des paix et des guerres, les écoutant s’enrouler, se perdre dans la fusion et se retrouver comme des inconnues, je repense, durant leur écoute de dizaines de minutes répétées en boucles (oh que j’aimerai que vous le viviez aussi!), je repense à l’ami parti il y a maintenant plus de 40 jours. Le deuil amorcé, en chantier, le vide d’une présence pourtant éternelle et l’annonce de jours meilleurs. Cet ami, David Ruel, était aux drums avec moi, là-bas, ici, maintenant bien plutôt que nulle part car potentiellement partout du fait des enregistrements effectués. Paix à vous, Santé à vos amours jaunes, aux Corbières (l’auteur) coulant à flots et aux Kerouac de par icitte, éternels survenants de l’entre-deux culturel, résonnant face à la colonie impériale, Force dans ces vents putrides, Lucidité sur vous, sur nous, sur tout*

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14 Février2016

BenLaBa (guitare, voix), Cha Tshi (basse), Glynn (drums).

Set List :

  • Le monde Change/Ouvrez la Cage des Oiseaux (1994-2015)
  • Le Train (1996)
  • She is the One (2009)
  • Gypsy Lovers (1998)

C’était pas évident de se retrouver sur une si grande scène après nos répètes intenses dans un cabanon de fond de jardin. Je crois avoir d’ailleurs préféré ce dernier ! Merci les amis d’avoir suivi***

 

 

Concert au National 13/2/16 (Montréal)

23 Janvier 16,

Pas encore d’idée précise du programme de 25′ ni de l’orchestration, mais ça s’en vient !*

 

Dessin de concert par Charlotte M, 2004

Show ce samedi!!! (11déc2015)

Les répétitions commencent aujourd’hui ! Et dire que je ne connais pas encore Glynn qui sera à la batterie pour nous accompagner Charlène, Elise et moi à ce show à l’Alizé (Montréal) !

En way !!! C’est vraiment très très généreux merci à tous les 3*

Set List : Lentement ; Avec Juliana ; Le Train ; Medley Le Monde Change/La Cage aux Oiseaux ; 4 Elements Girl

Elise (voix, claviers, triangle, IPod da matta brasileira) Charlène (basse, bol tibétain, percu, encens) et Glynn (drums).

 

1999, Picos de Europa

HEY YEP ! (8déc2015)

Hurdy Gurdy men, high from miles and smiles * Comment allez vous ? à la selle ? à toilettes ? et au pot ?? Tranquille ??? Tout va au mieux sur la planète (encore bleue pour un temps) ?
Ici Ben Là-Bas, easy rider of the inner-space-LaB, vous souhaitant bien du Irie fun everywhere*** Où Toutes Eaux sont Une Seule*** Pour vous dire que ce samedi 12/12, la vie reprend racine sur scène… Cela faisait un petit quelques mois que je n’avais communiqué LIVE… et que dire du fait que je serai (normalement, selon les prévisions astrales de là-bas) accompagné de trois idéaux musiciens ?! Alors… on se voit ici, là, en ligne ou en vrai ? Bonnes Vibes d’ici là-bas*